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Entre performance et monologue théâtral, ce témoignage nourri de réflexions sur le travail de modèle de nu artistique que Stéphanie Mathieu nous livre, tiré de son expérience, est beau et troublant.

Beau parce que la plastique de son corps est belle et parce que sa sincérité touchante nous parvient, au-delà de sa nudité, simplement, comme dans une conversation dans un café avec une femme qui nous fait découvrir son métier.

Troublant car il est troublant de découvrir ainsi ce qui se trouve derrière des heures de pose, nue et exposée au regard de l’autre. Regard qui se retrouve dans le travail réalisé par le peintre ou le sculpteur, souvent transformé de ses propres fantasmes, de ses désirs, de son expérience et d’une sorte projection de soi, comme un regard sur soi-même en quelque sorte. Le nu devient miroir. Le modèle, son double inversé.

Le nu, emblème occidental de la beauté, devient nu artistique et s’oppose à la nudité. Même si un terme vient de l’autre, l’un n’est pas moins le contraire de l’autre, nous dit François Jullien, philosophe de l’esthétique dans son livre « de l’Essence ou du Nu » (Seuil, 2000). Le spectacle de Stéphanie Mathieu nous le démontre. Elle est là, nous parle, posant nue sans pudeur, revendiquant son état de nudité comme une exposition consciente et consentie de muscles, de courbes, de parties du corps en mouvement ou statique, soumise à l’inspiration de l’artiste, au service de l'art. Il n’y a pas nécessité de pudeur dans l’esthétique de la nudité, comme pour couvrir la honte de ce qui devrait être caché. Le nu marque le passage du naturel à l’artistique, du mal au bien, du tu au vu.

Avec une vigueur sans retenue dans ses propos et ses attitudes, la comédienne nous parle de ces temps passés à poser, dans le silence et dans l’immobilité habitée ou du mouvement stylisé de ses positions. La crudité de ses mots et de ses révélations étonne autant que l’aisance de la nudité du corps qu’elle expose, devenant nu artistique.

La mise en scène de Xavier Lemaire apporte une finesse et une précision  qui renforcent l’ardeur du texte, relevant sa drôlerie, servant toujours la véracité et l’élégance du propos.

Au-delà du cabinet des curiosités, Stéphanie Mathieu nous délivre une performance de comédienne, la découverte d’un métier et les réflexions qui en découlent. Un spectacle beau et troublant.

 

De Stéphanie Mathieu. Mise en scène de Xavier Lemaire. Décors de Caroline Mexme. Lumières de Didier Brun. Musique de Fred Jaillard. Avec Stéphanie Mathieu.

Du mardi au jeudi à 21h00 – 78 bis boulevard des Batignolles, Paris 17ème – 01.42.93.13.04 – www.studiohebertot.com

- Photo © Lot -

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