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Une adaptation musicale de Marc-Olivier Dupin, vivifiante, aérée et savoureuse où tout l’esprit de l’œuvre originale de Giacomo Puccini, créée en 1896, est préservé avec somme toute une pointe d’espièglerie et un rien d’affection complice qui ressortent ici plus encore.

 

Le célèbre opéra revisité ainsi avec une brillante habileté, dans une facture plus courte et plus rythmée, donne une superbe réalisation lyrique, accessible sans aucun doute au plus grand nombre de spectateurs.

 

La volonté de l’Opéra Comique de toujours toucher de nouveaux publics, notamment les jeunes, se révèle une nouvelle fois une réussite édifiante avec ce projet œuvrant pour l’Éducation Populaire. C’est heureux et remarquable.

 

L’histoire est touchante et belle. Les artistes dans le quartier latin en cette fin du 19ème siècle tirent le diable par la queue, se nourrissant plus souvent de grands rêves et d’idées de création. Ils sont finement décrits par l’écrivain Henri Murger dans son roman « scènes de la vie de Bohème » paru en 1851 et dont s’inspireront plusieurs adaptations théâtrales et lyriques comme cet opéra de Puccini.

 

Mimi et Rodolphe, couple symbolique de l’amour troublé et troublant, et Musette et Marcel, couple tout aussi symbolique de la passion exaltée et violente, vont vivre leurs histoires aux accents dramatiques dans ce contexte de bohème où tous les espoirs sont possibles même si peu d’entre eux se réalisent. L’esprit de fête vient combler le manque. La fougue d’une jeunesse enthousiaste scelle les amitiés et fait vibrer les émotions. La bohème du quartier latin, deux couples d’amoureux, une bande de copains.

 

Puccini, ardent admirateur de la période romantique ambiante, donne à sa partition tous ses attraits. On y entend des touches de lyrisme poindre dans le réalisme lié au mouvement vériste auquel il contribue. Les émotions s’enchevêtrent parmi les murmures d’amour ou de plainte, les éclats de joie ou de colère et colorent les histoires houleuses et délicieuses des deux couples d’amants. Ils passent des rires aux larmes, de l’insouciance au désespoir, à l’amour éperdu aussi profond que la douleur de la mort.

 

Les airs célèbres sont magnifiquement chantés. Les duos et les quatuors sont impressionnants et limpides. Toutes et tous nous enchantent, nous envoutent et nous emportent. Les voix et les jeux sont merveilleux.

 

À noter toutefois, la soprano Sandrine Buendia qui apporte à Mimi une voix aux mille nuances. Sa voix puissante, claire et lumineuse autant que douce ou plaintive nous émeut. Musette est chantée par la soprano Marie-Ève Munger dont le rôle demande un chant plein et tonique qu’elle sait nous donner avec un vif brio. Kevin Amiel brille en Rodolphe touché et touchant avec sa tessiture de ténor aérienne et puissante. Le baryton Jean-Christophe Lanièce joue Marcel d’une belle voix ronde et mature qui sait se faire velours.

 

L’adaptation et la mise scène de Pauline Bureau sont stupéfiantes de créativité. La beauté de l’œuvre restituée ainsi centre notre attention sur le parcours des personnages du récit, nous racontant simplement leurs vies humbles et pourtant sublimées par la passion. L’esthétisme élaboré de la scénographie, avec un recours intelligent à une vidéographie belle et utile, offre un décor et une ambiance des plus propices pour nous raconter ce drame lyrique, rendant sa beauté à la fois féérique et si proche.

 

L’orchestre Les Frivolités Parisiennes et la Direction Musicale de Alexandra Cravero servent avec délicatesse et fougue, précision et finesse, toutes les couleurs de cette orchestration aux harmonies novatrices, riches et limpides, toujours somptueuses, de la musique de Puccini, revisitée avec soin et une redoutable efficacité par Marc-Olivier Dupin.

 

Une gourmandise audacieuse par son adaptation qui s’avère alléchante et réussie. Un très grand plaisir lyrique à ne pas manquer.

 

 

Spectacle vu le 7 juillet 2018,

Frédéric Perez

 

 

 

D’après Giacomo Puccini. Adaptation, traduction et mise en scène de Pauline Bureau. Adaptation musicale de Marc-Olivier Dupin. Direction musicale de Alexandra Cravero. Décors de Emmanuelle Roy. Costumes de Alice Touvet. Lumières de Bruno Brinas. Vidéo de Nathalie Cabrol. Dramaturgie de Benoîte Bureau. Collaboratrice artistique à la mise en scène Cécile Zanibelli. Chef de chant : Marine Thoreau La Salle.

Orchestre : Les Frivolités Parisiennes.

Avec Sandrine Buendia, Kevin Amiel, Marie-Eve Munger, Jean-Christophe Lanièce, Nicolas Legoux, Ronan Debois, Benjamin Alunni et Anthony Roullier.

 

Les 9, 11, 13, 15 et 17 juillet à 20h00
Place Boieldieu, Paris 2ème

 

- Photo © Pierre Grosbois -

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