… OH MY GLOTTE ! à la Comédie Bastille

Un joli et sympathique moment musical, parodique à l’os et adroit à souhait, qui joue avec délice sur les oppositions entre le chant lyrique à pleine voix et celui plus moderne et souvent sonorisé, de la pop’, du blues ou du rock.

Réunies à l’occasion d’un gala de charité sur la survie des ornithorynques (on ne pense jamais assez à l’importance des ornithorynques dans l’environnement naturel comme dans le milieu musical), une cantatrice aux allures de diva (certaines le sont, pas toutes, mais là oui) et une chanteuse de Broadway aux allures de popstar (on dit que toutes le sont, je ne m’avancerais pas mais la nôtre c’est sûr), la Cariatidis et Miss Doolittle qui vont vivre ensemble (oui ensemble et c’est un hasard heureux sinon nous n’avions pas de spectacle) la plus incroyable épreuve de leurs carrières.

Attention, pas le trouble outrancier d’une répétition de cinq heures qui se termine en pugilat (ça existe ?) ni celui d’une audition désastreuse et pré alcoolique où l’on passe en dernier et qui est coupée au bout de 20 secondes (ça existe !). Non là c’est du lourd !... Ces demoiselles vont connaitre un échange de voix ! Oui je sais, je heurte. Rien que d’y repenser, j’en ai encore des frissons d’horreur qui hérissent mes bras au demeurant charmants.

Prétexte improbable aux multiples ressorts qui donne l’occasion de rire des excès et de sourire des travers des Prima Donna d’hier et d’aujourd’hui. De leurs précautions maniérées, de leurs surestimes exaspérantes et leurs fragilités évidentes. Échange de voix et du coup (soyons fous !), cerise sur le gâteau, quelques échanges et mélanges de styles musicaux également. Une gageure pas simple à commettre et tout à fait réussie.

Deux chanteuses et un pianiste s’amusent pour notre plus grand plaisir à jongler avec les airs d’opéra, de comédies musicales et de chansons internationales. Dotés d’une technique musicale impeccable, ces trois interprètes nous offrent un récital arrangé charmeur et séduisant.

De Mozart à Delibes, en passant par Cole Porter et Léonard Berstein. De Bellini à Verdi, en passant par Gershwin et Percy Mayfield, sans oublier une étonnante et savoureuse création pour piano solo de Antoine Karacostas… Une kyrielle d’airs connus ou à découvrir parsèment le répertoire, donnés tels quels ou bien parfois retournés, étirés, joués « à la manière de ». Une habile appropriation faisant montre de la virtuosité manifeste et toujours chaleureuse des deux chanteuses Audrey Bentley (à la voix cristalline et précise) et Cybèle Castoriadis (à la voix chaude et veloutée), et de l’excellent pianiste Antoine Karacostas (ce soir-là).

Un spectacle musical à voir pour l’amusement partagé et le plaisir d’entendre deux belles voix et des airs agréables dans une ambiance un bon peu déjantée.

Spectacle vu le 12 novembre 2018,

Frédéric Perez

Texte et choix des musiques de Audrey Bentley et Cybèle Castoriadis. Arrangements de Fabien Cailleteau et Antoine Karacostas. Mise en scène de Cécile Mikroutsikou et Arnaud Parent. Collaboration Artistique de Daniel Rouland. Collaboration pour les costumes de Georges Vafias. Lumières de Franz Banlier. Claquettes de Hervé Le Goff. Maquillage de Alice Dechavanne.
 

Avec Cybèle Castoriadis et Audrey Bentley. Au piano,S Fabien Cailleteau ou Antoine Karacostas.