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« Hiver 1917, quatre femmes et un jeune garçon, réunis par les hasards de la guerre vont fêter Noël, malgré le bruit du canon, là-bas, de l'autre côté de la forêt, malgré les blessés de l'autre côté du mur. »

 

Créée en 2003, cette pièce désormais célèbre de l’autrice Dany Laurent est un hommage au combat pour le droit et la joie de vivre coûte que coûte, que nombre de femmes bénévoles ont démontré pendant la « grande guerre ».

 

Écrite pour montrer et porter haut le courage de ces femmes, dans les tourments de l’horreur, de l’incompréhensible et de l’inadmissible boucherie humaine qui pour cette guerre comme pour les autres est totalement vaine de sens humain. Ces femmes qui ont voulu conserver malgré tout et jusqu’au bout leur conviction pour la paix et leur confiance en l’Humanité.

 

Les situations creusent et dévoilent la réalité des indicibles souffrances de cette traversée de l’Histoire, les magnifiant par l’audace et la pugnacité de toujours avancer, le sourire aux lèvres comme d’autres la fleur au fusil. Les personnages du récit charrient des meurtrissures cachées comme des plaies ouvertes et montrent des sensations diverses qui nous parlent et nous émeuvent, entre la peur de l’espoir et l’éphémère de l’apaisement.

 

Sentiments d’altérité démontrés ô combien si fort, la solidarité et l’amitié entre les personnages, si finement décrites par le texte, symbolisent la solidarité et l’amitié que nous sommes toutes et tous en droit et devoir d’attendre entre les peuples. Le propos délibérément pacifiste de la pièce touche et fait mouche.

 

Le texte de Dany Laurent est ficelé façon comédie caustique et apporte son lot d’hilarité pour cacher l’émotion saisissante et complice qui s’empare de nous aux détours du récit, à l’écoute de chansons, à la vue des regards échangés entre les personnages.

 

Les dialogues particulièrement saillants et justes, aux répartis délicieuses qui fusent avec efficacité, comme la musique de François Peyrony, créent un climat où tensions et pauses se conjuguent avec la nostalgie des jours heureux, la conviction qu’il faut tout faire pour que demain soit meilleur et qu’à nouveau, aujourd’hui soit le jour qu’on préfère.

 

La mise en scène de Yves Pignot laisse au réalisme prendre la place qui convient pour que nous soyons plongés tout à fait dans l’histoire. La direction de jeux précise les oppositions et les points de vue avec délicatesse et éclat selon les situations.

 

Le texte et la mise en scène composent une partition riche dont la distribution s’empare avec un brio engagé et chaleureux.

 

Marie Vincent est épatante. Brillante comédienne, elle tient la boutique avec un redoutable enthousiasme qui n’empêche pas d’apprécier ses belles scènes d’émotion.

 

Ariane Brousse porte avec superbe les couleurs de l’espoir et de la résistance, elle fait rayonner autour d’elle une gaité encourageante, son joli brin de voix n’y est sans doute pas pour rien.

 

Katia Miran montre avec finesse la souffrance et le désarroi de son personnage, jouant avec crédibilité la progression de la montée de sa prise de conscience politique et de sa maturité.

 

Axel Huet joue le jeune homme, tendre et fou cadet benêt avec ce qu’il faut pour y croire, sans appui ni excès.

 

Virginie Lemoine nous stupéfie dans ce rôle de comtesse, veuve et mère emplie de douleurs, qu’elle incarne avec une fragilité touchante puis un courage farouche. Toute en retenues, introvertie pour se cacher de ses souffrances, la comtesse nous fait rire sans le savoir. Cette grande comédienne nous étonne à nouveau et nous réjouit avec ce personnage dramatique qui trouve sa place aisément dans cette comédie d’amertume et d’espérance.

 

Un sujet magnifique développé par la pièce. Une écriture efficace. Un spectacle touchant et joyeux à la fois. Une interprétation brillante. Je recommande vivement.

 

Spectacle vu le 26 janvier 2019,

Frédéric Perez

 

De Dany Laurent. Mise en scène de Yves Pignot assisté de Sonia Sariel et Angélique Delmas. Décor de Jacques Voizot. Costumes de Pascale Bordet. Lumières de Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos. Musique de François Peyrony.
Avec Ariane Brousse, Axel Huet, Virginie Lemoine, Katia Miran et Marie Vincent.

 

Du mardi au samedi à 21h00 et matinée le samedi à 15h30
5 rue La Bruyère, Paris 9ème
01.48.74.76.99  www.theatrelabruyere.com
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