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« Architecture est une brutale histoire de famille. Un naufrage. Entre le début de la modernité, la première guerre mondiale et l'Anschluss. Une période de 30 ans. Une famille brillantissime tenue dans la main violente d'un père fou. »

Une épopée grandiose, de la jouissance au chaos, de la vie au trépas, de la tragédie à l’horreur. Cette histoire d’une riche famille qui fuit, qui migre et qui se perd, transporte les affres de leurs douleurs internes et traverse les contextes politiques avec un effroi incommensurable. Une histoire qui conjugue la terreur qui règne entre les murs symboliques de cette parentèle outrancière, au père acariâtre et atrabilaire, à celle de l’environnement social horrifiant qui les expose à la destruction.

 

L’autorité et l’arbitraire partout autour d’eux, la passion et la folie aussi, les personnages sont voués à un impossible combat contre la violence qui émane en leur sein comme à celle qui les fustige du dehors. Les explosions se suivent et les implosions leur ressemblent.

 

Le texte de Pascal Rambert est un long fleuve aux flux mouvementés, qui déroule l’histoire dans l’Histoire pour en dessiner les influences exercées et leurs conséquences. Les passages entre les deux niveaux discursifs sont souvent présents, évoqués en toile de fond ou en flagrance.

 

La longueur du spectacle construit un labyrinthe dans lequel le public se perd, qualifiant ainsi l’ennui qui devient symbole du temps qui passe et de ses charges lourdes et multi protéiformes. Une longueur qui s’impose par les propos multiples et les situations composées alternant scènes jouées en simultané, duos ou ensemble et de nombreux monologues.

 

La dramaturgie se révèle volontairement déstructurée, à l’image peut-être des personnages aux personnalités qui se dévident de leurs affects, stimulées par la peur de perdre et se perdre, de se cacher ou de continuer à le faire.

 

La durée d’un spectacle ne fait sans doute pas sa valeur ni son intérêt. Voici à nouveau un exemple. Il y a comme un sentiment de frustration et d’abandon du public de se voir privé ainsi d’une écriture accessible, dénuée de choix essentiels, noyée par la profusion. Il y a sans doute un dommage à cela, laissant sur le côté celles et ceux qui ne transgressent pas par l’effort la dilution d’une pièce. Est-ce ainsi que le théâtre est populaire ? Je ne le pense pas.

 

Le spectacle reste et demeure de magnifiques performances d’acteurs. De nombreuses palettes de jeux sont déployées, nous offrant d’immenses moments d’interprétation. De si grandes figures du théâtre ainsi réunies apportent un plaisir intense au spectateur. Rien moins, rien plus.

 

Spectacle vu le 10 juillet,

Frédéric Perez

 

Texte, mise en scène et installation Pascal Rambert. Collaboration artistique Pauline Roussille. Lumière Yves Godin. Costumes Anaïs Romand. Musique Alexandre Meyer. Chorégraphie Thierry Thieû Niang. Chant Francine Acolas. Conseil mobilier Harold Mollet.

Avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès de la Comédie-Française et Pascal Rénéric (en alternance), Laurent Poitrenaux, Jacques Weber.

 

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