DRÔLE DE GENRE au théâtre de la Renaissance

Brillantissime ! Un spectacle littéralement brillantissime. De ceux qui honorent le théâtre de divertissement où l’on ne se contente pas de « la commode pour poser son, enfin pour s’assoir » ou de traits faciles et graveleux pour racoler. Ici le rire est croustillant et ininterrompu (oui, oui, vous avez bien lu), et loin d’être bête.

Son abattage est proche de la pure folie et se révèle ultra efficace grâce à la percussion astucieuse d’un texte ciselé avec truculence avec une profusion de rebondissements. Une mise en scène dynamique et enthousiaste nous embarque dès la première scène dans un flux bouillonnant qui ne nous lâchera pas. Et son interprétation, alors là, du grand art ! Époustouflante de justesse et de drôlerie, emmenée par une incroyable Victoria Abril.

« Carla est une femme élégante et dynamique qui voue un soutien inconditionnel à son mari, François, homme politique en pleine campagne électorale. Ils forment un couple solide depuis 30 ans. Leur vie, bien installée, tourne beaucoup autour de François, mais lorsque Carla ouvre ce jour-là un courrier qui lui annonce une nouvelle peu banale, toute cette belle stabilité va fortement être remise en cause. Et comme une catastrophe n’arrive jamais seule... »

L’argument rebondit sur les questions de l’identité, de la tolérance des différences, de la reconnaissance de l’autre tel qu’il ou elle est, tout en préservant une haute teneur garantie en humour et en complicité que les situations ne se privent de nous servir. Dans une cascade de rires, nous passons d’une catastrophe à une autre sans rien voir venir.

L’écriture de Jade-Rose Parker est soignée, très adroitement tournée, avec finesse et dérision. Il le fallait pour aborder ces thèmes avec tact et les revêtir de ce comique fulgurant qui saisit le public dès le début et le ravit tout le long.

La mise en scène au cordeau de Jérémie Lippmann apporte au texte le rythme soutenu qui lui convient, sans jamais sombrer dans des creux d’aisance ou des sommets désastreux d’effets inutiles. Une mise en scène fluide au service du texte et des comédiens.

Les rires se conjuguent aux rebondissements du récit. L’ensemble est magistralement mis en vie par l’interprétation remarquable des artistes au plateau. Chaque rôle est donné avec brio.

Victoria Abril offre ici une magnifique prestation de comédienne, une vis comica comme on aime, tout en fougue et en nuances, troublante et hilarante à la fois. Lionnel Astier lui donne la réplique avec l’aisance et la puissance de jeu que nous lui connaissons, un vif plaisir comme à chaque fois. Axel Huet et Jade-Rose Parker viennent compléter cette farandole d’excellence, étonnante et détonante, d’une troupe à l’œuvre qui subjugue littéralement par ses talents. Chapeau bas !

Un spectacle fou, attrayant à plus d’une titre. Intelligent, drôlissime et chaleureux. Une mise en vie étourdissante magnifiée par une interprétation impressionnante. Un superbe moment de théâtre de plaisir. Courez-y !

Spectacle vu le 1^er mars 2022

Frédéric Perez

De Jade-Rose Parker. Mise en scène de Jérémie Lippmann assisté par Sarah Gellé. Scénographie de Alissia Blanchard. Lumières de Jean Pascal Pracht assisté de Yannich Anche. Costumes de Laurent « Lola » Mercier. Chorégraphe de Tamara Fernando. Musiques de David Parienti.