Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un spectacle captivant par son récit, sa mise en vie et sa brillante interprétation.

Du travestissement des comédiens lié à l’interdiction faite aux femmes de jouer dans le théâtre Elisabéthain jusqu'en 1660, à la quête de reconnaissance féminine, en passant par le romantisme d'histoires d'amours interdites, empêchées et nouées, la pièce de Jeffrey Hatcher nous transporte dans une romance historique passionnante.

« Londres 1661, Edouard Kynaston est un comédien célèbre. Interprète incontesté des grandes héroïnes de Shakespeare, il excelle notamment en Desdémone. Il est également la coqueluche du Tout Londres et l'amant secret du très puissant Duc de Buckingham. Sa suprématie s'écroule le jour où Maria, son habilleuse, joue Desdémone dans un théâtre rival… Amené par la suite à diriger celle par qui le malheur est arrivé, il enseigne à Maria l'art de jouer une "vraie" femme et découvre chemin faisant comment jouer lui-même un homme. »

Cette interdiction faite aux femmes de jouer sur scène a posé et nous pose encore nombre de questions. La subordination de leur statut social à la domination masculine, l'identité de genre au théâtre, la transposition artistique, la psychologie de l'interprétation. Questions que le texte de Hatcher soulève et traite dans une fiction documentée captivante. La mise en vie de la pièce lui donne une place éclatante et un  écho retentissant par une impressionnante représentation scénique.

L’adaptation de Agnès Boury, Vincent Heden et Stéphane Cottin, et la mise en scène extrêmement inventive et soignée de Stéphane Cottin assisté par Victoire Berger Perrin sont conçues à la façon d’une épopée mais n’oublient pas de laisser paraître la sensibilité et la passion qui animent les personnages, que la distribution nous montre avec un brio et une fluidité remarquables.

L'esthétique de la scénographie, des costumes et des lumières, que le musique rehausse, construit un spectacle brillant, empreint d'un réalisme naturaliste et merveilleux, illuminant la place laissée à la troupe. Les jeux sont précis, habités, la vérité des sentiments est flagrante et nous cueille. Toute la distribution nous ravit. Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Jean-Pierre Malignon et Sophie Tellier sont littéralement, toutes et tous, brillants et totalement engagés. Une mention particulière pour Emma Gamet et Vincent Heden, véritablement impressionnants. Il y a du sensible, de l'éclat et du splendide dans l'ensemble de cette interprétation.

Un superbe moment de théâtre, tout en beauté, qui nous transporte et sait nous tenir en haleine, nous séduire tout le long. Une très belle découverte du festival.

 

Spectacle vu le 13 juillet 2022

Frédéric Perez

 

De Jeffrey Hatcher. Adaptation : Agnès Boury, Vincent Heden, Stéphane Cottin. Mise en scène et scénographie : Stéphane Cottin assisté par Victoire Berger Perrin. Lumières : Moïse Hill. Costumes : Chouchane Abello Tcherpachian. Musique : Cyril Giroux.

Avec Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Emma Gamet, Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon et Sophie Tellier.

 

 

Jusqu’au 30 juillet à 21h10

(relâche les 19 et 26)

 

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Photo © Cyrille Valroff

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :