Jonglant avec des regards de clown éveillé et de savoureux calembours jouant autant sur la polysémie des mots que sur leurs homophonies, Gauthier Fourcade nous embarque, le temps d’un spectacle, dans un voyage où la pensée côtoie la poésie et la rêverie, la révolte.
Jaillissant du décor comme un diable à ressort sort de sa boite, il pose aussitôt le ton de ses propos. La liberté ? Mais pourquoi en parler ?
Ne serait-ce pas mieux de ne rien faire, de laisser aux autres le soin de choisir en préférant l’innocence à la réflexion ?
Et si créer permet de ne pas choisir, choisir ne serait-il pas plus commode pour ne pas inventer ! Consommer est si simple, il suffit de choisir !...
Nous sommes ballotés, bousculés, surpris. Nous rions de ces acrobaties langagières qui nous perdent, mêlant les sens sans donner de sens commun. Nous sourions dans ce délicieux embobinage où l’artiste nous enveloppe de son empathie bienveillante et nous arrose d’absurde, des fois qu’il nous viendrait l’idée de le croire tout à fait.
Le texte est bien léché. Il montre plus qu’il démontre, nous laissant libres (oui oui) de penser. Très astucieusement composés de césures suspensives, d’altérations marquantes et de contre-sens embarqués, les propos diffusent des approches multiples de la notion de liberté. Les niveaux économiques et sociaux, psychologiques et philosophiques sont traversés pour élargir le regard, le mettre en perspective et le nourrir de questionnements.
À l’adresse du texte de Gauthier Fourcade, la mise en scène de William Mesguich ajoute une dimension spectaculaire, élégante et poétique. Les mouvements font sens comme les postures. Les silences parlent et les mots résonnent. Nous assistons, au-delà d’un numéro de seul-en-scène, à une conversation habitée avec un personnage chaleureux, tourmenté mais pas que, qui nous accueille dans son univers pour réfléchir et rêver avec lui.
Un spectacle plaisant et réflexif, drôle et poétique. Un moment étonnant et agréable, baigné de Liberté !
Texte et interprétation de Gauthier Fourcade. Mise en scène de William Mesguich.
Jusqu’au 5 novembre
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h00 et les dimanches à 17h00
7 rue Véron, Paris 18ème
01.42.33.42.03 – www.manufacturedesabbesses.com