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Qui n’a pas pensé un jour à ce qui pourrait se passer, enfermé dans un ascenseur, livré à ses peurs et à ses doutes, à sa résistance contre l’inconnu ?

 

Nous sommes plusieurs sans doute à nous demander ce que nous ferions alors dans une situation pareille ! Et bien Sophie Forte en a fait une pièce !

 

Une pièce de théâtre dans laquelle deux personnes passent le week-end de l’Ascension, enfermées dans un ascenseur. Une pièce ficelée façon comédie mais pas que… Drôle et révélatrice de ce qu’un huis clos pourrait déclencher en nous. Une sorte de miroir de nous-mêmes, de nos vérités intimes, de nos valeurs et de nos peurs.

 

Nos deux prisonniers à ce jeu involontaire d’« action et vérité » sont Juliette, une bourgeoise blanche, épouse du chef d’entreprise et Moctawamba, un ouvrier noir, agent d’entretien dans cette même entreprise. Ils vont tous les deux devoir cohabiter pendant ces quatre jours interminables et sans doute inoubliables.

 

Après avoir recherché vainement les solutions pour se sortir de ce vase-clos, il ne leur reste plus qu’à subir l’attente. Juliette craque vite, Moctawamba tient bon la patience. Ils se parlent pour éviter le silence et finissent par se découvrir peu à peu. Ils se confrontent aux stéréotypes moraux, aux poncifs culturels et sociaux, aux lieux-communs sur l’interculturalité, le racisme et l’éducation.

 

Se parler devient peu à peu délivrance. La tolérance de l’autre et de sa différence prennent forme jusqu’à conduire Juliette à revoir ses propres points de vue sur les relations humaines, le pouvoir, la croyance, son statut social et familial de femme au foyer, de mère de famille et d’épouse du patron.

 

Sophie Forte signe un récit fort et plaisant à la fois. Elle décrit avec un humour sans concession cette expérience comme une rencontre avec l’autre et avec soi-même. Un jeu fin et risqué sur les stéréotypes et les habitus.

 

La mise en scène d’Anne Bourgeois se révèle vive et légère. Un gros travail de précision des jeux d’acteurs se devine par la qualité obtenue.

 

Corinne Touzet est magistrale en femme perdue, éperdue et renaissante, impressionnante de force comique et d’émotions. Jean-Ernst Marie-Louise est magnifique en sage rieur avec l’impassibilité du bon sens et la tendresse de la solidarité. Ils jouent tous les deux avec fougue, vérité et profondeur, nous faisant aimer leurs personnages.

 

Un fichu bon moment où le sourire et le rire accompagnent l’écoute de ce voyage particulier, intelligent et salvateur. Un temps de théâtre tout à fait recommandable.

 

 

De Sophie Forte. Mise en scène d’Anne Bourgeois assistée de Betty Lemoine. Décors de Jean-Michel Adam. Lumières de Denis Schlepp. Costumes : Virginie H. Création Musique de François Peyrony. Création vidéo de Stéphane Cottin.

 

Avec Jean-Ernst Marie-Louise et Corinne Touzet.

 

 

 

Du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00

6 Rue de la Gaité, Paris 14ème

01 43 35 32 31 www.theatre-rive-gauche.com

 

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