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Ah mais ça je vous le dis, ce spectacle décoiffe ! Même les chauves ou les bien-coiffés n’y couperaient pas. Il dérape sans cesse et déjante plus souvent qu’à son tour. Un spectacle succulent de drôlerie. Le burlesque se bouscule à l’absurde et la loufoquerie se répand partout, de réplique en réplique et de scène en scène. Un bijou de fantaisie poussée à ses limites.

 

Nous comprenons pourquoi Raymond Queneau a cofondé l’Oulipo, groupe iconoclaste dédié aux dérapages langagiers artistiques. Ce spectacle touche à la folie douce et délicieuse. Ne nous étonnons pas d’être proprement ravagés, bousculés, tourneboulés, plus surpris que ça encore, avec ce texte écrit en 1947 de cet auteur, savoureusement incongru, donnant de l’élégance au farfelu et des soubresauts à la rhétorique.

 

La contrainte de base, comme tout exercice de style oulipesque, est de glisser une gageure dans l’écrit. Le hic ici réside dans le récit de la même histoire de 99 façons différentes. L’énoncé de l’exercice est simple comme une dictée de CE2. « Dans un autobus, un homme voit un jeune homme au long cou et au chapeau à tresse, se prenant le bec avec un autre homme qui va s’assoir plus loin. Deux heures plus tard, gare Saint Lazare, ce même jeune homme rencontre un homme qui lui dit d’ajouter un bouton à son pardessus ».

 

Bon et bien, je ne vous dis pas ce que ces trois artistes en font ! Il faut le voir pour le croire et l’apprécier pleinement ! Alliant jeux de comédie avec chants et pas de danse, il et elles dépotent, nous subjuguent, nous ravissent, ne nous laissant aucun répit.

 

Cela ne va ni moderato ni cantabile cette affaire-là, c’est allegro troppo l’allure !... Et que je te retourne ça. Et que je t’embrouille les mots, les intonations, les silences, les gestes. Et que je te fais s’envoler le manège infernal. Et que je te le chante, l’extrapole, le bruite, le sous-entend… Un régal de mots et de situations sur un buffet de plaisirs.

 

L’adaptation et les très nombreuses mises en espace et en jeu, en musique ou en chorégraphie (oui oui, ils s’y sont mis à douze pour nous concocter ce spectacle rieur et gourmet) servent magnifiquement le texte de Queneau. C’est truffé de cocasseries et de plaisirs comiques élégants. C’est d’une drôlerie éclatante. C’est bien simple, si Queneau se retourne dans sa tombe, c’est qu’il rit !

 

La distribution est particulièrement brillante. Vis comica totale. Tout est fluide, véloce, juste et drôle à souhait. On sourit, on rit et on fou-rit en permanence de ce texte dingue et de ces trois troublions hilarants. Un fichu bon spectacle qu’il serait dommage de ne pas voir. Une petite joie du festival !

 

Spectacle vu le 17 juillet 2018,

Frédéric Perez

 

 

 

 

Une pièce de Raymond Queneau. Mise en espace, en jeu, en musique ou en chorégraphie de Alain Abadie, Jean-Pierre Beauredon, Monique Cappeau, Roland Catella, Stéphane Facco, Michèle Gary, Patrick Jumel, Isabelle Jumel, Guy Laclau-Pussacq, Luc Montech, Myriam Naisy, Marie Salemi. Mise en scène générale de Stéphane Facco.

 

Accompagnement musical de Michèle Gary. Création lumière de Pierre Gally. Décors et costumes de Françoise Hérault.

 

Avec Richard Galbé-Delord, Nathalie Pagnac et Dédeine Volk-Léonovitch.

 

 

EXERCICES DE STYLE à La Scierie

à 16h40 jusqu’au 29 juillet (relâche les 19 et 26 juillet)

 

 

-Photo © Pierre Mey -

-Photo © Pierre Mey -

-Photo © Pierre Mey -

-Photo © Pierre Mey -

-Photo © Pierre Mey -

-Photo © Pierre Mey -

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