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Cette pièce mythique de Jean-Paul Sartre, créée en 1948, aborde la question de la discrimination des noirs par les blancs nord-américains, en écho avec le fait divers célèbre des Scottsboro Boys en 1931.

 

L’histoire traverse toutes les questions que pose cette illusion de suprématie que se sont octroyés de tous temps jusqu’à aujourd’hui encore, les colonisateurs, les esclavagistes, les nantis de pouvoir aux mains pleines d’argent et de sang.

 

Dans cet engrenage savamment huilé qui dénonce avant de juger deux hommes noirs dont l’un sera abattu sans procès, il est une femme, Lizzie la putain, qui ne veut pas jouer le jeu de l’évidence fabriquée et se soumettre à la corruption ni la menace. Pourra-t-elle arrêter la machine infernale qui fait tourner ce manège de la honte ?

 

La réflexion peut-elle être prescrite et bannir les plus élémentaires valeurs de justice ? Lizzie peut-elle faire prévaloir son propre jugement à celui des riches blancs qui tentent de la soumettre ? La pièce place ce questionnement devant nous, face à notre expérience, à notre conscience sociale et politique et à notre pensée sur l’humanité.

 

Il n’est pas possible, bien sûr de ne pas faire les liens insupportables de cruauté crasse avec l’histoire et l’actualité. Rien ne changera-t-il donc chez celles et ceux qui sous couvert de protection contre ce qui leur est inconnu ou étranger, élimine la source du risque par peur du danger ?

 

« Un raciste est un homme qui se trompe de colère » Henri Grouès, dit abbé Pierre.

La mise en scène de Gérard Gelas est très sobre, faisant porter toute notre attention sur le texte et laissant le soin aux comédiens de nous entreprendre.

 

Les jeux des hommes sont parfois inutilement exagérés dans la violence ou la souffrance, au risque et c’est dommage de ne pas rendre crédible les messages de la pièce subtilement écrite de Sartre. Mais Lizzie est là ! Flavie Edel-Jaume est époustouflante en Lizzie. Elle nous fait passer toutes les sensations de son personnage. Elle touche et fait mouche à chaque fois, une très belle interprétation.

 

Une pièce indispensable, un spectacle qui la sert fidèlement, une Lizzie magistrale pour une Putain Respectueuse.

 

 

Spectacle vu le 26 juillet 2018,

Frédéric Perez

 

 

De Jean-Paul Sartre. Mise en scène, scénographie et lumières de Gérard Gelas. Assistanat à la mise en scène de Guillaume Lanson. Assistanat pour les lumières de Florian Derval.

 

Avec Mouloud Belaïdi, Mickaël Coinsin, Patrick Donnay, Flavie Edel-Jaume, Guillaume Lanson et Damien Rémy.

 

 

LA PUTAIN RESPECTUEUSE au Théâtre du Chêne Noir
à 19h15 jusqu’au 29 juillet

 

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