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Quel plaisir de retrouver l’univers de Jean-Luc Lagarce, univers si particulier, réalisé dans ce spectacle à partir de « J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne », « Nous les héros » et « Journal 1 et 2 ».

Les personnages, leurs tensions et les affections qui les lient comme les blessures du passé dites ou retenues, explosent ou implosent, sublimant les situations. Nous retrouvons la parole de Lagarce aussi délicate que brutale, délicieuse qu’iconoclaste, cocasse et cassée, toujours ciselée et parfois cynique qui scalpe le réel et se suspend de silences, parle comme une urgence, trébuche sur le propos et hâte l’écoute. 

Nous retrouvons également ses thèmes récurrents comme le retour et l’aveu, la reconnaissance et le renoncement. Une œuvre toute entière qui communique autant qu’elle se célèbre elle-même. Une œuvre à la poésie tourmentée faite de phrases longues nourrissant avant tout des monologues où se mêlent accentuations, redondances et répétitions.

L’adaptation des textes de Lagarce recèle des partis-pris intéressants, dans la fusion des récits et la multiplication des mêmes personnages notamment.

 

La mise en scène et de scénographie animent peu la dramaturgie par une épure de mouvements et d’espaces. Un choix volontariste mais risqué qui fait reposer toute la théâtralité sur les personnages qui donnent à l’intérêt des spectateurs, selon les situations et les comédiens, du relief ou de l’attente.

 

Pas toujours facile de faire face à la nécessité d’une maitrise d’interprétation exigeante car le bât peut blesser alors et forme des flux aux courants dissemblables qui obligent de donner aux textes une propulsion qui supplante leur interprétation pleine et entière. L’écoute devient laborieuse et parfois difficile. L’émotion tarde à venir ou ne vient pas.

 

Pourtant le choix audacieux de cette théâtralité est impressionnant et nous fait savourer des plaisirs même s’ils ne viennent que trop peu. La distribution enthousiaste et prometteuse ne joue pas au même niveau, rendant la crédibilité hasardeuse. L’ensemble saurait nous captiver si son étirement à l’excès ne nous conduisait dans un labyrinthe où les pertes d’attention nombreuses nourrissent parfois l’ennui.

 

Un spectacle composé à partir de succulents morceaux choisis de Lagarce, qui peine à nous réjouir tout à fait malgré les idées qui grouillent mais que nous avons du mal à voir réalisées.

 

 

Spectacle vu le 23 juillet 2018,

Frédéric Perez

 

 

D'après des textes de Jean-Luc Lagarce. Adaptation et dramaturgie par les auteurs de l'École du Nord Haïla Hessou, Lucas Samain, sous le regard de Christophe Pellet. Mise en scène de Christophe Rauck. Vidéo de Carlos Franklin. Son de Xavier Jacquot. Lumière de Olivier Oudiou. Costumes de Coralie Sanvoisin.

 

Avec les comédiens de l'École du Nord (Lille) Peio Berterretche, Claire Catherine, Morgane El Ayoubi, Caroline Fouilhoux, Alexandra Gentil, Alexandre Goldinchtein, Victoire Goupil, Corentin Hot, Margot Madec, Mathilde Méry, Cyril Metzger, Adrien Rouyard, Étienne Toqué et Mathias Zakhar.

 

- Photo © Simon Gosselin -
- Photo © Simon Gosselin -

- Photo © Simon Gosselin -

- Photo © Simon Gosselin -

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- Photo © Simon Gosselin -

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