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Un spectacle qui brille de mille feux et qui offre de belles surprises, alliant farce, comédie en vers et opéra avec l’excellence d’un bon et élégant dosage, servi par une troupe truculente et enthousiaste, aux jeux comme aux chants superbes.

 

C’est avec adresse et talent que la pièce mythique de Molière « l’École des Femmes », en son temps déjà sulfureuse et porteuse d’une dénonciation sociale qui résonne encore aujourd’hui, se trouve parsemée des airs emblématiques de l’opéra d’Offenbach « les contes d’Hoffmann ». À la mésaventure amoureuse d’Arnolphe se mêlent les bribes savamment choisies des trois figures amoureuses d’Hoffmann.

 

Ce choix est heureux et porteur de sens. La comédie satirique aux ressorts tragiques et aux accents farcesques de Molière se trouve renforcée dans sa dramaturgie grâce à son alliance avec le drame fantastique d’Offenbach. La musique vient adoucir et approfondir à la fois, tout en espièglerie et finesse, les vers qui jaillissent de la candeur d’Agnès, la prisonnière d’Arnolphe, et qui explosent de la douleur des amants empêchés comme de la colère éclatante du geôlier.

 

Une poétique de l’amour allégorique et fantasmé, entrelacée de critiques sociales risibles et dénoncées. Les petites et grandes touches font mouche autant que les plaisirs sucrés et rieurs.

 

L’argument est connu. Combien il est toujours aussi vif aujourd’hui. Un homme, tellement saisi par sa peur des femmes, ne se résout au mariage que s’il s’assure avant de se fabriquer une épouse à façon, à sa main, de telle sorte qu’il ne soit jamais cocu et toujours possesseur. Il élèvera donc Agnès à l’écart du monde jusqu’à ce qu’elle soit prête au mariage. Comme un éleveur élève une agnelle, avant de la vendre à la foire.

 

Mais chez Molière, à coups de roueries s’il le faut ou à force de combattre aussi bien, l’amour et le bon sens s’unissent et trahissent les destins qui ne doivent pas l’être. Agnès échappera-t-elle au sien ? Quels tours seront tentés pour conjurer le sort ?

 

La mise en scène de Nicolas Rigas se fond dans la tradition du théâtre de tréteaux cher à Molière et donne à la pièce une dimension féérique et spectaculaire digne des plus belles représentations de saltimbanques. Acrobaties teintées d’art martial époustouflantes. Chants lyriques à pleine voix et en chœur, clairs, justes et puissants. Vers particulièrement bien donnés par des personnages fichûment bien campés. Une merveille de spectacle complet !

 

L’interprétation est brillante. Les jeux sont fluides et clinquants. Les scènes d’amour ou rapprochées, sincères et touchantes. Les émotions variées passent la rampe. Les comédiennes et comédiens Jean Adrien, Romain Canonne, Salvaore Ingoglia, Martin Loizillon, Nicolas Rigas et ce soir-là Raphaël Schwob et Amélie Tatti, tous chanteuses et chanteurs avec ou sans pleines voix, nous font passer avec une redoutable efficacité du burlesque à la satire, du sourire au rire sans coup férir. Une belle troupe !

 

Les musiciens Jacques Gandard (ce soir-là), Robin Defives et Emma Landarrabilco ne sont pas en reste. Justes, précis dans les attaques comme dans les soutiens, elle et ils donnent une musicalité au charme fou d’un petit et virtuose orchestre de chambre. Un régal !

 

Un spectacle qui sert le chef-d’œuvre de Molière avec un brio plein de reliefs et de plaisirs, adroitement mis en scène et très bien joué. Un beau temps de théâtre, riche et agréable. À voir sans hésiter.

 

Spectacle vu le 4 décembre 2018,

Frédéric Perez

 

Comédie / Ballet Lyrique de Molière / Offenbach. Mise en scène : Nicolas Rigas. Direction Musicale : Jacques Gandard. Création Lumière : Jessy Piedfort. Costumes et Décors : Théâtre du Petit Monde.

Avec Jean Adrien, Antonine Bacquet, Romain Canonne, Philippe Ermelier, Salvaore Ingoglia, Martin Loizillon, Nicolas Rigas, Raphaël Schwob et Amélie Tatti.

Et les musiciens Jacques Gandard ou Karen Jeauffreau, Robin Defives et Emma Landarrabilco.

Jusqu’au 31 décembre
Mardi au Samedi à 20h45, matinées le samedi à 16h00
Lundi 24 et 31 Décembre à 20h45
41 boulevard du temple, Paris 3ème
01.48.87.52.55  www.dejazet.com

 

- Photo © DR -

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