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Un divertissement musical franchement drôle qui fait moult pieds de nez à la culture ambiante des années 60, que la télévision, tout au plein essor de son potentat déferlant, ne se priva pas de répandre et d'instituer en tant que bienpensance officielle.
« C'est la fin des années 60, Suzy, Catherine et Jacqueline prennent l'antenne. Distinguées, elles ont pour habitude de présenter toutes les émissions de la chaîne : de La recette du dimanche au Schmilblick. Chignons choucroute, mi-bas et talons hauts, les trois speakerines s'apprêtent à annoncer les programmes lors d'une journée bien particulière, l'arrivée de la couleur sur le petit écran. Tout bascule lorsqu'un problème technique majeur survient. »
Tournées en dérision et en bourrique, grâce aux textes décapants de Pierre Dac (sublimes !) et aux talents des formidables comédiennes-chanteuses, les postures que ces dames du petit écran se devaient de tenir nous font rire (en noir et blanc puis en couleurs bien sûr mais surtout jaune malgré tout). Le sort des femmes dans la société reflétée alors par la place qui leur était conférée à la télévision est une illustration criarde du pouvoir machiste qui était une norme même si on sait bien qu’aujourd’hui encore, malgré la prise de conscience et la lutte ardente pour l’égalité, cette misogynie qui ne dit pas son nom est toujours d’usage et court encore.
Mais au moins, ici, on en rit, de bon cœur et de plaisir. Une farandole de gags savoureux qui explosent comme des petites bulles de champagne, de chansons qui harponnent (elles chantent fichtrement bien les bougresses !), de bonne musique qui balance et de sketchs drôlissimes au choix bienvenu de textes corrosifs et abracadabrantesques.
Cerises sur le gâteau... Nous avons enfin l'explication scientifique du Schmilblick que je vous recommande d'écouter attentivement, un régal ! Et ne baissez surtout pas la garde au moment des réclames (non, on ne se lève pas pour aller boire un coup ou qu'est-ce), des petits bijoux de drôleries malignes ! Vous en conviendrez, on parie ?
Mesdemoiselles Julie Badoc, Léa Dauvergne, Lisa Garcia et leur pianiste Didier Bailly nous offrent un spectacle loufoque, ficelé façon foldingue, avec l’humour piquant qui convient. L’absurde se répand tout partout, c’est un délice. Si l’ambiance est au dérapage et aux pas de côté, le tout est calé au cordeau. L’ensemble est enjoué, l’enthousiasme communicatif.
Un spectacle musical à l’élégance légère et complice, et au charme désuet des seventies. Un fichu bon moment qui fait un bien fou et qui ne se prive pas de nous interpeller. Bien vu, bien fait et bien joué, à déguster sans modération !
Spectacle vu le 28 avril 2022
Frédéric Perez
De Léonie Pingeot avec des textes de Pierre Dac et la musique des années 60. Mise en scène de Léonie Pingeot. Scénographie de Mickaël Horchman. Création musicale de Raphaël Bancou. Création lumières de Olivier Drouot. Création sonore de Caroline Denne.
Avec Julie Badoc ou Kim Schwarck (en alternance), Léa Dauvergne, Lisa Garcia et au piano, Didier Bailly ou Daniel Glet (en alternance).
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 16h jusqu’au 8 mai
puis du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 16h
du 11 mai au 6 juin
53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6ème
01.45.44.57.34 www.lucernaire.fr