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Parmi les plus beaux spectacles de théâtre visuel vus depuis longtemps. D’une puissance poétique et d’une drôlerie à égale distance entre un rêve éveillé, un conte burlesque et une farandole d’instants intenses de bonheur enveloppant et partagé.

« Deux êtres déguenillés, lassés, usés. Ce qu'ils font là ? Rien, deux fois rien, ils sont assis. Là. Deux clowns qui créent le malaise entre la légèreté de l'enfance et le poids de la dureté du monde auquel ils se confrontent. Maladroits, lunatiques, naïfs et sans parole, ils ont la gestuelle et la sensibilité des personnages de cinéma muet, faisant aller et venir le spectateur entre l'histoire en noir et blanc d'autrefois et le drame d'aujourd'hui. Entre danse, mime et clown, un instant burlesque où le mouvement fera récit, le geste sera mot et les émotions deviendront danse. »

Nous passons du sourire au rire, de suspensions de surprise aux délices de la rêverie. Si le burlesque prédomine, c’est parce que rien ou "deux fois rien" n’est vraiment pris au sérieux. Tout est si simple à recevoir, tout semble nous traverser et nous secoue. À moins qu’il ne s’agisse de cette incroyable force d’évocation qui ressort des gestes, des postures et des situations pantomimées de ces deux artistes époustouflant de justesse et d’habilité.

Un spectacle doux et tonitruant à la fois. Si si, c’est possible, elle et il le montrent. Clément Belhache et Caroline Maydat sont vraiment très forts, c’est stupéfiant. Un spectacle finement élaboré, avec la subtilité d’un fil narratif qui se fait intrusif comme pour nous faire toucher simplement, du regard et de l’écoute, les aléas de la relation entre deux êtres qui se rencontrent fortuitement, s’opposent cruellement et tentent par moments de s’apprivoiser. Un spectacle techniquement impeccable, sans faux pas, même de côté, tant l’harmonie se fait pleine et complémentaire entre ces deux êtres.

Le récit de leur rencontre est si proche que nous nous y retrouvons totalement et nous partons volontiers avec eux pour ce voyage savoureux. Nous voici ballottés d’un instant à l’autre entre bains de délire ébouriffé et bains de tendresse. Et toujours, ce rire complice qui n’est jamais loin.

Un admirable et éclatant spectacle visuel avec des morceaux de poésie dedans, qui brille de mille feux pour nous éblouir, nous transporter et nous séduire. Un grand moment de plaisir, beau et drôle, de très haute tenue artistique. À voir absolument !

 

Spectacle vu le 21 juillet 2022

Frédéric Perez

 

De et par Clément Belhache et Caroline Maydat. Création lumière et régie : Karl-Ludwig Francisco. Création sonore : Michael Bugdahn.

 

 

Jusqu’au 30 juillet à 10h00

(relâche le mardi)

 

Photo © DR

Photo © DR

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