Un agréable spectacle qui regorge de la sympathie parigote du « Titi Parisien » et des romances d’antan où la misogynie était reine et la rébellion des femmes, un récurent combat ici heureusement bien montré.
« 1910 : Montmartre, les guinguettes, les jupons des femmes qui virevoltent au son de l’accordéon... Dans cette atmosphère joyeuse et festive, René, le p’ti gars de la butte, bougon au cœur tendre, rencontre Marguerite, la jolie môme qui ne s’en laisse pas conter. Témoin de toutes leurs frasques, Gustave, l’ami de toujours, rythme par sa musique cette histoire d’amour pleine de rebondissements. »
Quelle bonne idée de mêler des textes de Courteline aux chansons emblématiques de la Butte Montmartre pour conter les aléas de la vie de couple, de la séduction à l’exaspération en passant par la tendresse timide, la jalousie hargneuse, la domination insoumise et les fleurs de bonheur.
Une véritable saveur que d’écouter les répliques du grand dramaturge dites par un p’tit gars de Paris et une gouailleuse espiègle. Un parti pris audacieux qui fonctionne et qui permet une découverte ou des retrouvailles de scènes célèbres entremêlées avec des chansons non moins connues du patrimoine de la chanson populaire.
La mise en scène alerte et efficace de Clémence Carayol met en valeur les textes et les chansons sans chichi ni falbala. Les mots, les notes, les gestes et la farandole s’affole ou s’apaise, faisant place à des moments suspendus comme la magnifique « Marseillaise des Cotillons », écrite par Louise de Chaumont en 1848, considérée alors comme un hymne féministe. Ou encore « la Complainte de la Butte » ou le fameux » Comme de bien-entendu ». Imaginez des extraits de « La Paix chez soi » ou « la Peur des coups », entre autres, et vous avez le patchwork savoureux de ce spectacle au charme doux et pétillant.
Michaël Louchard et France Renard jouent René et Margueritte avec gourmandise. Accompagné adroitement par Mathieu Michard à l’accordéon diatonique, elle et il chantent avec une simplicité complice, façon ginguette. Un trio crédible et convaincant.
Un détour au Funambule, à Montmartre, pour entendre s’écharper deux amants heureux, parler et chanter d’amour, voilà une bonne idée pour une comédie d’été.
Spectacle vu le 29 juillet 2023
Frédéric Perez
Textes de Courteline et chansons d’époque. Mise en scène de Clémence Carayol.
Avec Michaël Louchard et France Renard. Mathieu Michard à l’accordéon.
Jusqu’au 3 septembre
Le samedi à 17h00 et le dimanche à 20h00
53 rue des Saules, Paris 18ème
01 42 23 88 83 www.funambule-montmartre.com