Voici un superbe spectacle de cirque qui fait jaillir des performances circassiennes impressionnantes dans des séquences truffées de comiques de situation et de répétition.
« Du coup de foudre aux disputes, les frigos valsent et les machines à laver s’illuminent, tandis que les corps s’envolent dans de vertigineuses figures au rythme effréné d’une musique jouée en direct. Huit acrobates et quatre musiciens donnent naissance à un ébouriffant charivari acrobatique »
Les déboires amoureux d'un couple servent de prétexte au lancement de chaque numéro. L’histoire ainsi suggérée plonge le spectacle dans une ambiance suspendue à leurs aléas, colorée par la profusion performative des artistes. La scénographie mise en place, très mobile et « à tiroir », prend les aspects d'une comédie musicale ou d'un récit théâtral.
Les numéros de cirque dans la dramaturgie scénique mise en scène par Pierre Guillois s’habillent adroitement des couleurs d’une fiction légère et rieuse aux effets instantanés. Le comique devient l’essentiel de son traitement. Nous nous rapprochons d’une esthétique d’ensemble clownesque. Les séquences, et surtout leurs commencements et leurs chutes, rappellent les entrées ou utilités de clowns qui agrémentaient hier et aujourd’hui encore, les spectacles de cirque à l’ancienne ou de cirque traditionnel. Mais ici la dimension est massivement augmentée.
La technicité époustouflante des jonglages et des manipulations d'objets aussi divers qu’inattendus, des acrobaties et des voltiges au sol et dans les airs, touche et fait mouche. Nous assistons à l’alliance aboutie de la grâce et de la puissance dans tous les mouvements. Le travail est bien là mais fort habilement il ne se voit pas tant la fluidité et l’évidence des réalisations se gaussent de toute esbrouffe ou frime éculées. La drôlerie se fond en glissade dans les efforts physiques. Et là encore, on n’y voit que du feu. Ça passe crème, comme on dit. Chapeau bas les artistes. On rit et on se fait surprendre à l’envi.
Une musique alerte, éloignée de la fanfare, accompagne savamment l’énergie déployée sur le plateau et construit une ambiance propre à chaque séquence à partir d’un thème récurrent. La mise en lumière, comme la musique, ne dépare pas du parti pris de scènes habitées par des personnages. Personnages tous incarnés par des athlètes au brio remarquable.
Un formidable moment circassien de la compagnie Akoreacro, souriant et complice, divertissant et captivant.
Spectacle vu le 25 avril 2024
Frédéric Perez
Un spectacle de la compagnie : Akoreacro. Mise en scène : Pierre Guillois. Oreilles extérieures : Bertrand Landhauser. Assistanat à la mise en scène : Léa de Truchis. Costumes et accessoires : Elsa Bourdin. Assistée de : Juliette Girard, Adélie Antonin. Scénographie circassienne : Jani Nuutinen / Circo Aereo. Assisté de : Alexandre De Dardel. Régie générale et chef monteur : Idéal Buschhoff. Lumières et régie : Manu Jarousse. Création sonore et régie son : Pierre Maheu.
Avec : Manon Rouillard, Romain Vigier, Maxime Solé, Basile Narcy, Maxime La Sala, Antonio Segura Lizan, Pedro Consciência, Tom Bruyas, Joan Ramon Graell Gabriel, Stephen Harrison, Gaël Guelat, Robin Mora, Johann Chauveau.