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Cette pièce joue avec le feu de la gloire de célèbres héros littéraires, qui serait confrontée à celle de leurs créateurs. Ophélie Raymond, l’autrice de cette étonnante pièce vient titiller la relation entre Sherlock Holmes et Conan Doyle au risque de voir au cours du récit un drame surgir tout à coup. Comme si Arsène Lutin s’opposait à Maurice Leblanc devenu las de son engeance encombrante ; Jane, Hercule, Tuppence et Tommy à Agatha Christie ; Jules Maigret à Simenon, Toto à ma Grand-Mère (euh ça, je ne sais pas si on le gardera au montage, ce sont des souvenirs de gouters d’enfance quand même, c’est personnel).

« Sherlock Holmes s’ennuie. Il tourne en rond, sans enquête, ni aventure, le Dr Watson, toujours présent à ses côtés. La cause de ce vide ? Son créateur, Arthur Conan Doyle, s’est lassé et ne veut plus écrire d’histoires sur lui. Pire encore : il veut le tuer et se débarrasser de sa créature. Le duel entre réel et imaginaire commence… et ne sera pas sans conséquences sur les deux mondes. »

Le texte documenté et adroitement écrit prend l’apparence d’une pièce à énigmes. Drôle et curieusement réflexive, l’écriture de cette fiction aux allures de dystopie sarcastique, traversée par un humour élégant, nous plonge dans les méandres labyrinthiques d’un imaginaire qui viendrait s’empêtrer dans la réalité. À l'écoute du texte, nous ne sommes pas à l’abri d’un surréalisme devenu sage qui prendrait alors les manières d’une enquête policière au temps présent. Les questions posées ont tout le poids de leur intérêt.

Imaginez le temps d’un temps de théâtre loufoque et original ce que pourrait être le dilemme incongru entre la personne et le personnage. Si la célébrité d’un héros de fiction pousse l’auteur ou l’autrice derrière son éclat, que devient la destinée du personnage quand la personne qui le crée se débat dans un trouble identitaire ? Lui faut-il tuer le héros au risque d’éteindre son aura et de faire taire sa lignée créative ?

La mise en vie de la pièce se veut délibérément légère. Le suspens, les répliques comme les situations souvent hilarantes sont présentes dans l’écriture. La mise en scène prévue par Renato Ribeiro, astucieuse et inventive, tâte du burlesque et tente de soigner tout autant l’énonciation du texte que son exposition tonique allant jusqu’à allier récit, théâtre visuel et postures pantomimiques voire clownesques. Parmi la distribution, nous avons remarqué Maxime Bregowy, détonant et juste dans ses interprétations aisées, fluides et maitrisées de Watson, du postier et de Moriarty.

Une pièce fichtrement bien écrite. Une mise en scène intéressante.

Spectacle vu le 29 août 2024

Frédéric Perez

 

De Ophélie Raymond.  Mise en scène de Renato Ribeiro. Costumes de Léa Peixoto. Lumières de Aurélie Hafner. Musiques de Christophe Sommier.

Avec Serge Requet Barville, François Hatt, Maxime Bregowy ou Christophe Som et Delphine Husté ou Valentine Riedinger.

 

Jusqu’au 29 Septembre

Les Jeudis et vendredis à 20h30, samedis à 18h00 et 20h30, dimanches à 15h00

https://www.lesenfantsduparadis.fr/spectacle/sherlock-holmes-vs-conan-doyle/ 

 

 

Photos © DR
Photos © DR
Photos © DR

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