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Une belle histoire d’amour et d’amitié où l’émotion et la raison voisinent, se conjuguant souvent pour le meilleur et pour le pire, pour le taire et pour le dire.

 

Audrey et Julien forment un couple heureux depuis une année, après des ruptures qui leur ont laissé un arrière-gout d’échec ou de revanche, d’espoir ou de prudence, c’est selon.

 

Ils s’aiment, se le disent et le pleurent même, la cœurée est pleine d’amour et de doute aussi. Julien ne parvient pas à desserrer l’étau qui l’empêche de parler des maux qui font obstacle aux décisions à prendre. La confiance ne suffit pas. La douleur du risque encouru en se dévoilant fait redouter la perte et la peur de l’abandon. Il ferme, malgré lui, les clapets de sa parole. 

 

Audrey, hypersensible, ressent des freins chez Julien et pressent que quelque chose le tourneboule dans son histoire, le prive et le retient.

 

Que faire pour qu’il se délivre enfin ?

 

La meilleure amie et la psy seront peut-être des appuis pour relever ce défi ? Chemin de l’impossible ou chemin de pierres ? Il faudrait juste le dire pourtant, faire confiance au hasard peut-être… Cela ne sera donc pas dit ?

 

À moins que…

 

Le non-dit, ce masque derrière lequel se cacher soi-même et aux autres pour se protéger ou protéger est magnifiquement illustré dans cette pièce de David Basant et Mélanie Reumaux. L’écriture est fluide, truffée de rebondissements et témoignant du travail psychanalytique avec délicatesse et soin, le rendant accessible et parfois drôle. Par ailleurs, l’amitié trouve ici toute la place que nous lui souhaitons toujours et encore, entre médiation et soutien, entre confidence et encouragement.

 

Les personnages sont particulièrement bien dessinés et les situations riches en scènes surprenantes et émouvantes, parfaitement crédibles. Les scènes avec la psychanalyste aident à dénouer les nœuds du récit et confèrent à la parole le charme fou des jeux de mots symboliques ou aux postures suivant les scansions édifiantes, de foudroyantes émotions souvent rieuses. Freud doit rire sous cape et Lacan doit roder en souriant. L’amitié souveraine offre de belles scènes amusantes et touchantes, comme l’amour toujours émouvant de ce couple uni, désuni puis réuni. De fichus personnages bien campés.

 

La mise en scène de David Bassant et la scénographie de Alain Lagarde composent un cadre et une ambiance adroitement épurés, centrant astucieusement notre attention sur la progression dramaturgique. C’est prenant, souriant et touchant.

 

La distribution sert à merveille ce texte riche. La passion amoureuse et la sincérité des sentiments sont rendues avec engagement et justesse. Caroline Brésard, Roger Contebardo, Edouard Giard, Céline Perra et Tessa Volkine forment une équipe efficace et chaleureuse.

 

Une pièce intelligente et captivante. Une mise en vie réussie. Une interprétation agréable, toute en finesse. Je conseille vivement ce spectacle.

 

 

 

Spectacle vu le 3 septembre 2018,

Frédéric Perez

 

 

 

De David Basant et Mélanie Reumaux. Mise en scène de David Basant. Assistance à la mise en scène de Clara Leduc. Scénographie de Alain Lagarde. Lumière de Pierre Peyronnet. Musique de David Basant et Bruno Souverbie.

Avec Caroline Brésard, Roger Contebardo, Edouard Giard, Céline Perra et Tessa Volkine.


 

 

Du lundi au mercredi à 21h00 et le dimanche à 20h00
(Relâche du 23 au 25 décembre)
7 rue Véron, Paris 18ème
01.42.33.42.03 www.manufacturedesabbesses.com

 

- Photo © John Bersi -

- Photo © John Bersi -

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