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Serge invite chez lui, chaque dimanche à 18h00, un, deux ou plusieurs amis pour leur montrer un tout petit spectacle d’une à 3 minutes, composé d’effets spéciaux qu’il a préparés minutieusement.

Oh pas de grands effets façon cinéma ! Ce féru de gadgets en tous genres est plus proche d’un amateur de farces et attrapes du marchand de couleurs de l’avenue de la République que des techniciens de La Guerre des Étoiles. Il n’empêche, ces spectateurs d’un jour (oui, ils ne viennent qu’une fois) semblent enchantés, ravis, ébaudis... On pourrait même craindre des évanouissements devant de telles réactions ! Ils sont conquis, nous aussi, pour des raisons différentes et complémentaires voire complices.

Nous sommes dans le public mais nous ressentons des émotions voisines des invités de Serge. Pas celles qu’ils expriment devant les mini-spectacles mais celles qui ressortent de cette tension légère latente, de cette gêne de ne savoir quoi faire ni que dire, de regarder le comédien en tant que spectateurs se sachant regarder par le vrai public.

Cette auto projection dans le rôle du spectateur regardé est une expérience étonnante pour eux comme pour nous. Un petit délice de complicité involontaire.

Derrière l’incongruité des situations où l’humour rôdeur éclate parfois, nous nous surprenons à sourire avant de rire, comme devant un gag de Pierre Étaix ou un exploit de James Thierrée, tant la poésie prédomine le geste.

Nous sommes pris dans ce jeu espiègle et savoureux du théâtre dans le théâtre.

Comment savoir ce qui nous touche le plus entre ces représentations de soirées entre amis aux allures de théâtre à domicile et cette mise en abyme plutôt ludique à laquelle nous assistons comme des observateurs bienveillants et discrets ? Jeu dans le jeu, comme le font les enfants ? « Alors là, on dirait que je suis un comédien qui fait un spectacle pyrotechnique et vous, vous êtes des spectateurs qui trouvent le spectacle très beau et tout, d’accord ? On y va ! »…

Entre jeu d’enfants rieurs, euphorie mélancolique et tristesse de la solitude, qui est ce Serge dont il ne nous dit rien ? Un perdu dans la ville, seul même avec ses amis ? Un performeur malicieux qui jouent de nous avec ses miroirs ? Un comédien professionnel assisté d’une autre comédienne professionnelle, rassemblant des amateurs de théâtre qui viennent dès 10h00 pour se préparer et jouer le jeu d’être les acteurs d’une soirée ?

Vous avez dit étrange ? Comme c’est étrange…

La musique tient une place entière et prépondérante. Elle semble être le seul élément vraisemblable, le plus stable et le plus prévisible de cet objet théâtral amusant marchant le fil du rasoir entre le vrai et le faux.

Une gageure réussie. Une expérience authentique de spectacle vivant. À découvrir sans hésiter.

 

Conception, mise en scène et scénographie de Phi­lippe Quesne. Collaboration technique et artistique de Cyril Gomez‑Mathieu. Régie générale de Marc Chevillon. Avec Gaëtan Vourc'h, Isa­belle An­gotti et des in­vi­tés dif­fé­rents chaque soir.

Un dimanche par mois à 18h00 – 7 avenue Pablo Picasso, Nanterre (92) – 01.46.14.70.70 – www.nanterre-amandiers.com

- Photo © Martin Argyroglo -

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