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Un spectacle adorable comme le personnage du petit Albert Einstein dont on observe le parcours d’enfant avec curiosité et stupeur. À l’image fidèle et captivante de son emblématique rôle-titre, le spectacle regorge de leçons de vie, de courage et d’empathie, et tisse tout le long une ode formidable à la différence. C’est superbe et prégnant.

« Albert Einstein, enfant, est un petit garçon formidable. Malicieux, intelligent, inspiré, il n’en est pas moins moqué par ses camarades.  Atteint d’un trouble du langage ; la dysphasie et souvent submergé par ses « pourquoi ? », il trouve son équilibre grâce à son grand-père, son oncle Jacob et son chien Trouillard. »

Cette nouvelle adaptation théâtrale, après ALBERT EINSTEIN, UN ENFANT À PART en 2011 que nous avions beaucoup aimé également, cette fois-ci pour une seule-en-scène, illustre avec humour et douceur le parcours volontariste de cet enfant-génie au comportement singulier. Cet enfant « trop doué » qui très tôt a su allier sentiment de compétence et estime de soi en cultivant, sans le vouloir vraiment, une image sociale atypique et impressionnante. Les messages portés par le texte et sublimés par la magistrale interprétation de Sylvia Roux montre combien est exemplaire l’histoire de vie du petit Albert, sa ténacité proche de l’entêtement, son plaisir de la découverte et du partage.

La mise en scène de Josiane Pinson se fait limpide et callée au cordeau. Le plateau dépouillé de décor est juste occupé par les accessoires utilisés : deux tableaux d’école, une petite chaise, un coffre à jouets et merveilles, une luge en bois. Rien d’autre pour détourner l’attention sur la présence du petit Albert et son entourage convoqué dans la narration. Le jeu frontal est privilégié, renforçant la dimension d’un conte habité, vif et spectaculaire, à la manière d’un aède d’antan qui vient jusqu’à nous dévoiler l’essentiel d’un récit d’importance. Les personnages incarnés qui se succèdent sont différenciés avec habileté et délicatesse par les couleurs musicales joyeuses voire cocasses de Raphaël Sanchez et surtout la scénographie vidéo très astucieuse de Stéphane Cottin.

Une scénographie vidéo d’importance dans ce spectacle. À partir des dessins noir et blanc au trait simple de Thomas Deffarge, des images animées illustrent les paroles du petit Albert d'un velours poétique à l’apparence joyeuse. L'univers du conte est scellé. L'ambiance s'établit ainsi dans une proximité quasi intime et singulière à la manière d'un grand livre d'images dont on tournerait les pages de scène en scène. La fluidité de la narration nous emporte et charrie ses sensations pour nous toucher.

L’interprétation d’un monologue théâtral n’est sans doute pas chose facile. Sylvia Roux se frotte pour la première fois à cette gageure artistique. Son coup d’essai est un coup de maitre, mademoiselle Roux y est héroïque et magnifique. Elle réussit à capter l’attention du public aussitôt et l’invite avec maestria à rentrer dans le « monde du petit Einstein » dans une proximité avec le public incroyablement fascinante. Quelques mots à peine, des regards et c’est fait, nous sommes pris dans son univers qui nous tient en haleine, suspendus à ce fil narratif qui ballote entre l’écoute de cette fiction richement documentée et les sentiments qui se forment à l’entendre. Les personnages qui sortent de son jeu sont littéralement habités, crédibles et attachants, comme des amis qui nous parleraient de leurs souvenirs de parents ou de proches. Solaire et espiègle, touchante et convaincante, Sylvia Roux illumine le récit, le rend vivant et proche. Une prestation remarquable. Une présence exceptionnelle.

Un spectacle tout en habileté et légèreté de ton, un spectacle adorable. Un moment intelligent, réjouissant et rieur qui captive. Petits et grands y trouveront plaisir et intérêt. Je conseille vivement.

 

Spectacle vu le 20 avril 2024

Frédéric Perez

 

D’après le roman de Brigitte Kernel (Éditions Flammarion Jeunesse). Adaptation théâtrale de Brigitte Kernel et Sylvia Roux. Mise en scène de Josiane Pinson. Scénographie vidéo de Stéphane Cottin. Dessins de Thomas Deffarge. Musique de Raphaël Sanchez.

 

Photo © DR

Photo © DR

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