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Carlo Goldoni reprend à plusieurs reprises l’écriture de cette pièce écrite en 1759, tout d’abord destinée à un livret d’opéra, jusqu’à cet opus en prose. L’adaptation de Agathe Mélinand lui adjoint quelques extraits du texte théorique « Le Théâtre comique » que l’auteur italien écrit en 1750.

Les ajouts apportés à l’intrigue initiale donne au spectacle une résonnance savoureuse et par moments décalée, plaçant le spectateur entre le récit et sa réflexion mise en abyme.

« Un riche marchand turc établi à Smyrne, décide de présenter un opéra dans son pays. Il se rend à Venise afin de recruter les artistes et les artisans qui participeront à son projet. Son arrivée à Venise ne passe pas inaperçue. Entre imprésarios véreux et divas capricieuses qui revendiquent toutes le rôle de prima donna, il n'est pas au bout de ses peines »

Le traitement de cette comédie légère est délibérément coloré d’outrance par la mise en scène de Laurent Pelly. Une mise en scène qui plonge le récit dans un burlesque piqué de postures qui rappellent la pantomime et les assauts de la Commedia dell’arte.

Dès le début, la scène ouverte laisse entrevoir et présager que tout va se déglinguer dans cette histoire. Un parquet blanc qui semble immense, un décor de cadre de scène de guingois et un plateau incliné à la pente rude. Rude comme seront rudes les cheminements incessants et les cavalcades croquignolesques des protagonistes grimés de blanc qui s’agiteront à la recherche de bonnes fortunes qui leur souriront peut-être. La perfidie des personnages minaudant a volo et rivalisant de ruses pour tenter de mener à bien leurs petites affaires faites de compromissions est brillamment rendue dans cette savoureuse parodie d’artistes d’opéra aux petits talents.

La partition musicale et lyrique composée d’extraits d’œuvres de Pergolèse et de Vivaldi, et les airs chantés qui parsèment le récit, offrent de jolis moments suspendus et contribuent à une esthétique d’ensemble divertissante, charmante et délicate.

L’interprétation resplendit. Damien Bigourdan, Cyril Collet, Thomas Condemine, Natalie Dessay, Eddy Letexier, Antoine Minne, Julie Mossay et Jeanne Piponnier nous séduisent et nous embarquent dans ce récit délirant et touchant. Toutes et tous superbes, ils nous enchantent et nous ravissent. Un magnifique travail de troupe.

Un spectacle pétaradant de mille feux, aux charmes fous et tendres, drôles et féroces de la peinture légère et souriante de Goldoni. Une mise en vie brillante et une interprétation d’excellence.

 

Spectacle vu le 27 avril 2024

Frédéric Perez

 

De Carlo Goldoni. Traduction et adaptation de   Agathe Mélinand. Mise en scène de Laurent Pelly. Scénographie de Matthieu Delcourt et Laurent Pelly. Lumières de Michel Le Borgne. Son de Aline Loustalo.

Avec Damien Bigourdan, Cyril Collet, Thomas Condemine, Natalie Dessay, Eddy Letexier, Antoine Minne, Julie Mossay et Jeanne Piponnier.

Avec trois instrumentistes de l'Ensemble baroque MASQUES dirigé par Olivier Fortin :  Olivier Fortin au clavecin, Ugo Gianotti ou Paul Monteiro au violon. Melisande Corriveau ou Arthur Cambreling au violoncelle.

 

Photos © Dominique Breda
Photos © Dominique Breda
Photos © Dominique Breda

Photos © Dominique Breda

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