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Cette dernière création d’Alexis Michalik démontre une nouvelle fois que ce tisserand d’histoires sait s’y prendre pour nous cueillir et nous maintenir en haleine jusqu’à la fin, nous laissant groggy, emplis de sensations et de questions sur les détours et les contours de ce que nous avons vu.

Ce spectacle est un régal d’imaginaire, harmonieusement et chaleureusement concocté pour permettre la montée en tension, sans crier gare, des émotions tirées de ce que nous voyons vivre devant nous et celles plus intimes, sorties du secret de nos souvenirs.

Nous sommes interpellés d’entrée. Un comédien commente son jeu de comédien en jouant, nous faisant franchir comme s’il nous tendait la main, le gué qui sépare le théâtre de la réalité, comme une invitation à rentrer dans l’histoire qui sera contée et jouée ensuite. Proximité de convenance ou complicité de jeu ? La représentation à laquelle nous allons assister est–elle une représentation de la vie ou un témoignage vécu ? Et voilà, ça y est. Nous sommes piégés. Nous avons passé la porte.

Comme d’habitude, l’univers d’Alexis Michalik nous emporte dans un ailleurs composé, enfoui dans une histoire aux allures fantastiques et aux multiples possibles. Comme ces rêves étranges dont on se réveille hagard et dont on ne sait pas, à la réflexion, démêler le réel de l’oubli, de l’invention, du fantasme ou du désir.

Peut-être qu’en rassemblant les propos et en tirant les ficelles des situations pourrons-nous reconstituer le puzzle dont certains morceaux semblent perdus ou cachés et qu’il nous faudra bien inventer pour obtenir un ensemble ?

Kevin et Ange sont tous deux détenus en maison centrale. Ils se présentent à la première séance de l’atelier « théâtre entre prison ». Ils y rencontrent Alice, la jeune stagiaire assistante sociale accompagnée de Jeanne et Richard, les deux comédiens qui animent l’atelier.

Qui sont-ils les uns pour les autres ? Quel est le vrai du faux dans ce qu’ils disent, dans ce que nous voyons et que nous comprenons ? Quelles sont ces blessures qu'ils cherchent à soigner ?

C’est une histoire d’amours meurtris. Façonnés d’entrelacs compliqués mais beaux, parfois tristes, souvent émouvants. Le texte touche au cœur et à la raison en abordant les sujets de la quête de soi, du désir d’aimer et d’être aimé, du besoin de reconnaissance.

La mise en scène de l’auteur est comme son texte, inventive, réaliste et symbolique à la fois. Précise et crédible, épurée et claire, elle permet le jeu superbe des cinq comédiens Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson et Faycal Safi. Avec un enthousiasme débordant et une intensité maîtrisée, ils jouent avec brio et talent.

À noter les effets sonores efficaces et la partition musicale riche et agréable de Raphaël Charpentier qui joue sur scène.

Une pièce captivante. Un spectacle réussi, ficelé et très bien joué. À voir sans hésitation.

 

Texte et mise en scène d’Alexis Michalik, assisté à la mise en scène par Marie-Camille Soyer. Création Lumière d'Arnaud Jung. Scénographie de Juliette Azzopardi. Costumes de Marion Rebmann. Musique de Raphaël Charpentier. Avec Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson et Faycal Safi.

Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00 – 103 boulevard Auguste Blanqui, Paris 13ème - 01.45.88.62.22 – www.theatre13.com

- Photo © Alejandro Guerrero -

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