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Une magnifique féerie que ce spectacle fait d’air, de sacs plastique et de grâce. Un ballet poétique sur des musiques de Claude Debussy parmi des bruits amplifiés de la faune, du vent et de l’orage. Nous sommes transportés dans un ailleurs surprenant où il fait bon de se laisser aller, éblouis et émerveillés.

Au commencement, nous entrons dans une sorte de chapiteau aux allures de grande yourte. Nous nous installons sur des gradins qui entourent un plateau circulaire ressemblant à une piste de cirque avec une entrée des artistes sur un bord. Des ventilateurs bornent le plateau. Dans une semi-obscurité, une silhouette assise se devine devant l’entrée des artistes.

Ambiance feutrée et étrange. Les enfants qui composent l’essentiel du public cet après-midi-là, commencent à s’agiter, à parler de peurs, à questionner sur ce qui se passe. Il ne se passe rien, nous attendons.

Puis enfin la lumière se fait, douce et tamisée. La silhouette s’anime lentement, s’agenouille et coupe des sacs plastique avec une grande paire de ciseaux de tailleur. De l’étrange, nous passons au silence attentionné. Il semble bien qu’un, deux puis plusieurs personnages colorés soient ainsi fabriqués. Des sacs plastiques découpés et un ruban adhésif pour l’assemblage.

La silhouette se lève et vient mettre en marche les plus grands ventilateurs, l’un après l’autre, avec la lenteur d’un sénateur somnambule ou d’un yoguiste délicat. Et alors, commence une impressionnante danse.

Un, deux puis d’autres personnages colorés se remplissent d’air et se mettent progressivement à bouger, à danser, à s’enlacer même, à s’envoler parfois pour retomber parmi les leurs et reprendre cette folle échappée onirique que nous ne cherchons pas à comprendre tellement c’est beau et prenant, fort et incroyable. L’air s’engouffre dans les personnages colorés, la silhouette s'en mêle, mène la danse et prend soin que tout se passe bien dans ces envolées dansantes au son des bruits et des musiques.

Tout à coup, vers la fin, de vrais sacs plastique noirs et brillants surgissent en grand nombre sur le plateau rond. Que se passe-t-il ? La violence prend le pas sur la danse, la musique vibre de plus en plus de phrasées lyriques et... Non. Ne pas disons pas la fin. Pas maintenant. Laissons la découverte charmer et surprendre les prochains spectateurs.

Et nous, nous restons cois, ne prenant pas conscience tout de suite que nous venons de vivre là une expérience inédite de spectacle vivant aux sensations intenses et fugitives.

L’originalité et la découverte se mêlent à la poésie et à la beauté de cet instant suspendu, de ces 38 minutes de bonheur. Des étoiles dans les yeux et des sourires aux lèvres ont remplacé les peurs et les questions.

 

Conception et mise en scène Phia Ménard. Composition sonore Ivan Roussel d’après l’œuvre de Claude Debussy. Scénographie Phia Ménard. Plateau et vent Pierre Blanchet. Lumière Alice Ruest. Construction Philippe Ragot. Costumes Fabrice Ilia Leroy. Avec en alternance Cécile Briand, Silvano Nogueira Compagnie Non Nova.

Samedi 18 mars à 15h30 – Place Jacques Brel, Sartrouville (78) - www.theatre-sartrouville.com et en tournée.

- Photo © J.L. Beaujault -

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