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- Photo © Élizabeth Carecchio -

Cette pièce de Tennessee Williams, écrite en 1958, nous raconte une histoire aux allures de cauchemar, nourrie d’amours brisés et de traumatismes enfouis.

La dramaturgie simple et rigoureuse, sa progression astucieuse et prenante, la cruauté des textes et les douleurs crues et vivaces des personnages, nous saisissent dès le début et nous tiennent en haleine jusqu’au bout de la pièce.

La mise en scène de Stéphane Braunschweig centre notre attention sur le récit avec adresse, sans effets inutiles. Sa scénographie donne le ton. Les décors gigantesques et précis créent à eux seuls les atmosphères qui permettent aux comédiens et aux situations de nous raconter l’effroyable été dernier.

Cet été-là, l’été dernier, Mrs Violet Venable ne part pas en voyage avec son fils Sébastien, comme tous les ans. Catherine, sa nièce, sera la compagne de ce dernier voyage. Que s’est-il donc passé pendant le voyage ? Pourquoi Sébastien y est-il mort ? De ce voyage, Catherine revient folle et répète à l’envi un discours délirant sur ce qui s’est passé.

Ces propos sont reniés par Mrs Venable qui fait interner sa nièce.

Elle réunit chez elle un jeune neurologue, la famille de Catherine et Catherine elle-même. Une lobotomie de Catherine est voulue par la riche Violet Venable. Elle paye, elle le veut. De nombreux échanges ont lieu jusqu’à cette importante conversation entre le médecin et Catherine, qui devient la césure cathartique de l’histoire.

Quand l’indicible rend fou et l’impossible vérité, machiavélique, quels sorts peuvent être réservés à ces deux femmes concernées l’une et l’autre par la mort de Sébastien, ce cousin, ce fils ? Que faire de ces déchirures mortifères qu’elles portent avec effroi ou déni et que rien ne relie d’autre que le partage du secret de l’horreur et de son inavouable cheminement ?

Mentir pour cacher, se mentir pour oublier, la mère de Sébastien s’enfonce dans sa vérité qu’elle veut réelle pour les autres. La démence de Catherine trouble la réalité mais ne peut pas changer la vérité, sa folie est le refuge de l’indicible qui ne se refoule pas.

La puissance de l’argent n’arrive pas à faire revivre Sébastien, à recréer une histoire de vie gâchée d’un fils, pourrie depuis l’enfance par une mère possessive, amoureuse au lieu d’aimante, confondant sa place avec celle d’une épouse, d’une compagne ou d’une confidente.

Et même si la vérité éclate, elle n’éclate pas seulement les murs de son secret mais elle défait aussi les liens qui emprisonnent ces deux femmes, ne les opposant plus, les rendant libres de finir leurs histoires.

Les comédiennes qui incarnent Violet et Catherine nous stupéfient et nous touchent profondément. Luce Mouchel est brillante en mère implacable puis déchirante et brisée. Marie Rémond est éblouissante en Catherine, meurtrie, fragile puis renaissante. Les autres partenaires, Jean-Baptiste Anoumon (superbe docteur Cukrowicz), Océane Cairaty, Virginie Colemyn, Boutaïna El Fekkak et Glenn Marausse, les entourent avec justesse et crédibilité.

Une très belle distribution. Un spectacle fort et terriblement beau.

 

De Tennessee Williams. Traduction Jean-Michel Déprats et Marie-Claire Pasquier. Mise en scène et scénographie de Stéphane Brauschweig. Collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou. Collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel. Assistante à la mise en scène Amélie Énon. Assistante à la scénographie Lisetta Buccellato. Costumes Thibault Vancraenenbroeck. Lumière Marion Hewlett. Son Xavier Jacquot. Vidéo François Gestin. Avec Jean-Baptiste Anoumon, Océane Cairaty, Virginie Colemyn, Boutaïna El Fekkak, Glenn Marausse, Luce Mouchel, Marie Rémond.

Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 15h00 – Place de l’Odéon, Paris 6ème – 01.44.85.40.40 – www.theatre-odeon.eu

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Élizabeth Carecchio -

- Photo © Thierry Depagne -

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- Photo © Élizabeth Carecchio -

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