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Cette pièce de Didier Caron raconte une histoire forte et poignante qui remue nombre de questions et d’émotions. Admirable par son propos. Et surtout merveilleusement servie par les deux comédiens Christophe Malavoy et Tom Novembre qui la portent haut, sans sensiblerie, avec une maestria impressionnante.

 

Deux hommes que tout oppose apparemment vont se confronter, se jauger et sombrer peu à peu dans une sorte de jeu de la vérité mortifère, implacable et sadique. L’un victime, l’autre bourreau, jusqu’à douter qui est vraiment la victime de l’autre.

 

Hans Peter Miller (Tom Novembre) est un chef d’orchestre renommé. Après le concert, un admirateur, Léon Dinkel (Christophe Malavoy), se présente dans la loge de l’artiste pour le féliciter, lui demander un autographe et lui offrir un cadeau. Il tente et parvient à introduire une conversation.

 

Que recherche-t-il ? Que veut-il lui dire ? Pourquoi cet échange fait-il ressurgir des angoisses enfouies, des peurs anciennes et remises à jour ? Quelle fin souhaitent-ils tous les deux à cet entretien ?

 

Une progression dramatique contenue et maitrisée, adroite et inquiétante, cueille et tient le public en haleine. Les affres des propos, les sensations et les questions qui s’en dégagent devient nôtres. Nous ne pouvons pas nous empêcher de sombrer à notre tour dans ce bouillonnement de sentiments troublés et troublants dans lequel le sujet nous plonge.

 

Empathie et antipathie se croisent, sympathie et cruauté aussi. La raison et l’émotion s’entrechoquent.

 

La peur, le pardon, le remords, la soumission, la violence mais aussi la vengeance, la loi du talion et la résilience nous interpellent et nous emprisonnent, bousculent notre pensée et nous touchent au cœur et aux tripes.

 

La mise en scène crée un climat hitchcokien, soignée et efficace à souhait. Les jeux distillent une puissante et mémorable tension émotionnelle qui traverse notre écoute, nos regards et notre réflexion.

 

Christophe Malavoy dresse le portrait passionnant d’un homme qui ne peut faire autrement qu’aller jusqu’au bout de sa logique, de sa quête de vivre enfin. Époustouflant comédien qui nous montre un Léon à la personnalité complexe. Un travail magnifique. Une intonation qui laisse échapper son trouble ; les postures, son intransigeance et ses doutes ; les yeux, son passé.

 

Tom Novembre nous émeut dans son personnage de Hans Peter. Il varie ses compositions avec une finesse et une efficacité remarquables, suivant l’évolution du récit. Sensible dans les peurs ; révolté par les outrances ; ravagé par les souvenirs. Lui aussi nous stupéfait. Là encore, un travail magnifique.

 

Un spectacle à la force émotionnelle intense. Une histoire bien écrite et admirablement jouée. Un rendez-vous incontournable de la rentrée.

 

 

 

 

De Didier Caron. Mise en scène de Didier Caron et Christophe Luthirnger avec la collaboration d’Isabelle Brannens. Décor de Marius Strasser. Costumes de Christine Chauvey. Son de Franck Gervais. Création des lumières de Florent Barnaud.

 

Avec Christophe Malavoy et Tom Novembre.

 

 


Du jeudi au samedi à 21h00, samedi à 16h30 et dimanche à 16h00

38 rue des Mathurins, Paris 12ème

01.42.65.35.02 www.theatre-michel.fr

 

- Photo © Franck Harscouet  -

- Photo © Franck Harscouet -

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