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Un spectacle aux accents lyriques et aux éclats impressionnants. La fiction survole l’histoire, plonge soudainement en piqué sur les aspects caractéristiques de son énonciation et soulève les éléments de compréhension du questionnement sur les origines du mal nazi.

« Au sein d’une société brillante (Freud, Klimt, Jung, Von Klast…), comment un jeune indigent se prénommant Adolf en arrive à cette sorte « d’illumination » dont il est malheureusement question dans le futur « Mein Kampf » où brusquement tout s’ordonne autour d’une explication univoque : l’antisémitisme !! … Sigmund Freud reçoit sur son divan Hugo Von Klast un jeune homme, brillant, beau, héritier de la célèbre aristocratie viennoise qui s'étourdit de valses et de luxe. Il a une phobie antisémite… À la suite d’une rencontre fortuite, Hugo et Adolf entame un échange. Nous les suivrons ensemble ou séparément. »

L’esthétique très soignée de ce théâtre-opéra illumine avec magnificence l’approche de la question du surgissement de la « bête immonde ». Une atmosphère sombre et troublante s’installe très vite, baignée d'un humour parfois grinçant et instillant un saisissement récurrent qui se poursuivra jusqu’au bout. Ce spectacle plein et entier, au-delà de sa splendeur et peut-être grâce à cela, ouvre la porte aux questions de société qui traverse ce périple.

Comment ne pas associer au cheminement de la pensée décadente du jeune Adolf et de la construction progressive de son idéologie qui sont posées ici, les problématiques contemporaines sur les fondements du fanatisme, sur la propagation et la banalisation du terrorisme et sur les dérives autoritaires des pouvoirs nationaux ? Comment ne pas convoquer l’inconscient psychanalytique pour tenter de comprendre ?

L’épure stylisée du système scénique de Jean-Luc Paliès donne une force imposante aux situations et aux interactions entre les personnages, magnifiées par les lumières adroites de Lucas Jimenez, par les choix musicaux d’extraits de Schonberg, de Mahler et par la partition originale des orgues de verre de Catherine Brisset.

La distribution est éclatante de talent, les rôles campés avec précision donnent aux personnages une profondeur troublante et enivrante. Elles et ils nous plongent dans une atmosphère prégnante qui nous tient tout le long, où l’émotion plane et nous enveloppe, et vient nous saisir tout à coup.

Un spectacle majestueux où la beauté plastique s’allie à une qualité artistique de belle facture. Un moment de théâtre de choix, à déguster sans hésiter.

 

Spectacle vu le 11 juillet 2021

Frédéric Perez

 

D’après Alain Didier-Weill. Adaptation de Louise Doutreligne. Mise en scène de Jean-Luc Paliès. Scénographie et lumières de Lucas Jimenez.

Avec Estelle Andrea, Oscar Clark, Claudine Fiévet, Alain Guillo, Nathalie Lucas, William Mesguich, Magali Paliès et Jean-Luc Paliès.

Catherine Brisset (musique sur verre et structure Baschet).

 

 

 

Photo © Xavier Cantat

Photo © Xavier Cantat

Photo © Xavier Cantat

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