Passion pour le théâtre surtout, pour la "Chose Artistique" en général, nous publions ici nos critiques et partageons des coups de cœur. Dans tous les cas, nous ne parlons que de ce que nous avons aimé. Contact : Frédéric Perez, membre du syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
La pièce de Léonard Gershe, dont Eric Emmanuel Schmitt signe une adaptation heureuse et actualisée, nous raconte cette histoire avec adresse, humour caustique et précision des sentiments. Les répliques sont cinglantes, parfois très drôles et les situations nous embarquent sans temps mort mais tranquillement, laissant venir jusqu’à nous les émotions des personnages. Une mise en scène réglée au cordeau de Jean-Luc Moreau et Anne Poirier-Busson.
C’est l’histoire de Quentin, un jeune homme qui s’installe enfin seul dans un appartement. Sa mère s’inquiète de cette séparation, s’affaire à chaperonner son fils et tente en vain de le faire revenir au bercail. Quentin fait la connaissance de Julia, sa voisine, une jeune femme débridée qui semble avoir vécu mille vies du haut de ses 23 ans. Un flirt grandissant se noue entre Quentin et Julia. Et c’est là que tout va riper !... La mère et Julia s’opposent, Quentin s’impose, Julia s’interroge et les rebondissements vont se succéder jusqu’à la fin.
Libres sont les papillons ? Et pourtant, il y a souvent de l’orage dans l’air ! L’affection puis l’amour naissant entre les jeunes amants ; leurs désirs amoureux ; l’amour maternel ; le besoin d’émancipation… Tout se joue ici, se noue et s’entremêle pour les personnages de ce trio bancal, pris dans le piège de leurs retranchements.
Libres sont les papillons ? « Oui ! » Avons-nous envie de dire à la fin de cette pièce aux allures de fable. La prise de conscience des sentiments, la volonté de liberté comme la quête d’émancipation de soi et de l’autre semblent libérer les personnages de leurs propres jougs moraux et de leurs propres peurs. Libres sont les papillons !
Les comédiens font ressortir avec aisance et justesse l’évolution des personnages et des situations. C’est très bien joué. Nathalie Roussel nous livre une mère magnifique et émouvante dans son renoncement. Julien Dereims est époustouflant de sincérité et de justesse de jeu. Anouchka Delon est une Julia crédible, malicieuse et sensuelle. Sans oublier Guillaume Beyeler, dans un passage court et ingrat, très bon aussi. Une distribution brillante pour des rôles délicats.
Le public est sous le charme de ce spectacle touchant, agréable et drôle.
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h - 6 rue de la Gaîté, Paris 14ème - 01.43.35.32.31 - www.theatre-rive-gauche.com