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Opéra-ballet contemporain d'une beauté novatrice impressionnante, cet étrange et émouvant récit nous délivre le magnifique cri d’un amour qui ne veut pas mourir.

L’histoire d’amour d’un homme et d’une femme que la mort ravage mais ne rompt pas.

Lui, amant éperdu, ne renonce pas, malgré la mort de sa bien-aimée, à dire son ardente et vivante passion. Il refuse de laisser s’éteindre leur bonheur.

Elle, amante perdue, lutte avec force pour échapper à son sort et revit dans son combat alors qu’il s’amenuise, les moments heureux de son parcours, repoussant dans des joutes funestes et mortifères les limites de la fin.

Lui chante. Elle danse.

Les ténèbres se mêlent aux souvenirs pour réclamer la mort comme pour se rappeler de la vie, par des psalmodies graves et sombres qui appellent à renoncer enfin et s’engouffrer dans le dernier passage.

L’ange murmure, caresse et rassure la défunte pour montrer le chemin et apaiser ses colères, pour tenter d’adoucir le mystère de l’inconnu.

Nous vivons cette comédie de la mort qui n’ensevelit jamais tout à fait les souvenirs et ne se résout pas à l’ultime abandon jusqu’à danser comme on crie son passé et son déni.

Nous vivons la tragédie de la vie qui cherche dans l’âme de l’autre sa présence.

Le monde des vivants côtoie celui des disparus, malgré la puissance des ténèbres et la bienveillance de l’ange. Étrange et inévitable paradoxe entre pulsion de vie et pulsion de mort. Étrange perte qui ressurgit comme celle de l’eau glissante des rivages qui réapparait après les rochers.

C’est où ici et là-bas ? C’est quand hier et aujourd’hui ?

Demain est-il toujours ailleurs ? Quelles sont nos peurs de la mort ?

C’est au travers d’émotions fortes, de sensations troubles et envahissantes que nous assistons à ce spectacle imposant. Beau tant il est dense et lumineux.

La conception et la mise en scène de Géraldine Lonfant et d’André Pignat, fortement symboliques, nous interrogent en animant nos souvenirs et nos pensées. Touchés par la grâce et la violence du texte, du chant et de la danse, nous vivons là une expérience théâtrale inédite. La beauté de l’ensemble est saisissante.

La danseuse Géraldine Lonfat est confondante d’expressivité, de charme et de vie. David Faggionato chante la partition de ténor avec puissance et conviction. Thomas Laubacher et Daphné Rhea-Pellissier jouent et chantent avec précision et une redoutable ardeur. Syvia Roux fait de l’ange un proche et rassurant ami, récitante magnifique par la douceur et la force de sa présence.

À leurs côtés, ce soir de Dernière à Paris, l’inédit se conjugue avec l’unique.

Bérengère Dautun (rien moins, s’il vous plait !) accompagne l’ange dans son œuvre, en digne et implacable passeuse.

Et… Une dizaine d’artistes bénévoles, spectateurs d’un jour, venus s’ajouter à la distribution, renforcent l’éclat et l’étoffe du spectacle.

Cette volonté d’associer des amateurs à la démarche artistique, rapprochant le public de l’œuvre et de ses ouvriers nous apparait significative d’un esprit collaboratif et coopératif qui n’est pas sans servir l’Éducation Populaire. Démarche singulière que nous ne sommes pas étonnés de trouver, à nouveau, au Studio Hébertot.

Pour cela aussi et pour ce splendide opéra-ballet contemporain : Bravo et chapeau bas !

 

Conception et mise en scène : André Pignat et Géraldine Lonfat. Musique originale et lumière : André Pignat. Chorégraphie : Géraldine Lonfat.

 

Avec David Faggionato, Thomas Laubacher, Géraldine Lonfat, Daphné-Rhea Pellissier et Sylvia Roux.

- Photo © Maxime Lonfat -

- Photo © Maxime Lonfat -

- Photo © Maxime Lonfat -

- Photo © Maxime Lonfat -

- Photo © Maxime Lonfat -

- Photo © Maxime Lonfat -

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