Adapté d’un roman de Florence Seyvos, publié en 2013, la pièce nous raconte l’histoire d’Henri, un garçon handicapé qui est aussi souple que Buster Keaton, rien moins !
Une jeune femme cherche à raconter la vie du grand artiste Keaton, l’homme qui ne sourit jamais. Elle recueille les éléments de son récit de vie sans savoir que cette expérience fera ressurgir en même temps le récit de la vie de son propre frère Henri.
Nous voici confrontés à ces deux destins croisés, à une centaine d’années de distance. Destins sortis de l’oubli ou de la mémoire, livrés à la reconnaissance. De l’admiration pour l’artiste à l’amour fraternel, les sentiments se superposent et se renforcent, laissant à l’émotion le soin de nous entreprendre.
Ce que nous montrent Buster et Henri de leurs vies, de leurs solitudes et de leurs incroyables endurances nous interpelle. Cette même résistance au regard intransigeant des autres sur leurs attitudes redoutables d’intrépides idiots tristes. Ce même courage de vivre une vie abimée mais vaillante après une enfance maltraitée ou empêchée.
Une histoire contée avec l’intimité de la poésie et l’énergie du burlesque, imprégnée de magie. Surprenante et drôle, bouleversante et douce. Une formidable ode à la différence malgré les normes sociales stigmatisées par les habitus ancrés.
La mise en scène de Laurent Vacher est adroite et efficace. Le texte de Florence Seyvos y est merveilleusement traduit par une théâtralité fidèle et précise.
Les jeux d’acteurs sont sensibles et justes. Benoît Dattez, Odja Llorca et Martin Selze sont brillants. Ils nous cueillent dès le début et nous accompagnent avec la fougue de la conviction et la sensibilité délicate de leurs personnages.
Un spectacle beau et touchant. Un bon moment. À voir sans hésitation.
Texte : Florence Seyvos. Adaptation et mise en scène : Laurent Vacher. Collaboration Artistique : Charlotte Lagrange. Magie, Fakir : Benoit Dattez. Regard Chorégraphique : Farid Berki. Scénographie : Nicolas Pradal et Laurent Vacher. Régisseur Général : Olivier Fauvel. Son : Michael Schaller. Lumière : Claire Gondrexon. Vidéo : Florian Martin. Costumes : Virginie Alba, Charlène Leblanc et Eugenia Piemontese.
Avec Benoît Dattez, Odja Llorca et Martin Selze.
Festival Avignon Off 2017
Du 7 au 23 juillet à 18h15 (relâche le lundi) – 116 rue de la Carreterie – 04.32.76.20.18 – www.grandest.fr