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Un spectacle majestueux à la fluidité et à la proximité soignées. Une prestigieuse troupe de la Comédie-Française toujours aussi talentueuse. Une LOCANDIERA plus retenue et maligne aux accents machiavéliques, qu’audacieuse et espiègle aux allures éclatantes et gaies.

 

« Mirandolina tient un hôtel à Florence, et par ses grâces et son esprit gagne, même sans le vouloir, le cœur de tous ceux qui logent chez elle. Trois étrangers séjournent dans cet hôtel, et deux, le comte d’Albafiorita et le marquis de Forlipopoli sont amoureux de la belle hôtesse. Le troisième, le chevalier de Ripafratta, qui refuse tout attachement féminin, la traite grossièrement et se moque de ses soupirants. C’est précisément contre cet homme fruste et sauvage que Mirandolina dresse ses batteries ; elle ne l’aime point mais, piquée au vif, veut, par amour-propre et pour l’honneur de son sexe, le soumettre, l’humilier et le punir ». Présentation par l’auteur dans ses mémoires de la pièce intitulée à l’origine La Locandiera ou La Femme adroite.

 

Sur fond de lutte de classes entre le peuple, la bourgeoisie montante ou parvenue et la noblesse, cette comédie italienne créée en 1753, qui est une des premières à être jouée sans masque, rebondit sur les personnages emblématiques de la Commedia dell’arte et donne au personnage de la Locandiera une humanité particulièrement marquée dont on ne rit pas, au contraire des autres personnages dont on s’amuse de leurs excès ridicules.

 

Mirandolina mène la danse comme on mène un combat, farouche et digne, astucieuse et intransigeante. Elle représente une féminité battante qui ne plie pas sous le joug du machisme mais l’affronte aves les armes de la séduction et de la malice.

 

La mise en scène de Alain Françon semble privilégier le récit de la rébellion punitive aux situations ou aux postures comiques. Le texte nous entreprend et nous fait rire. Mirandolina, toute à sa stratégie, confie ses choix au public avec un sérieux qui prévaut au joyeux, où la réflexion domine et la gaité s’efface.

 

Un parti pris qui impressionne et qui surprend. Une comédie montrant ici des reflets de tragi-comédie, qui donne à voir un Goldoni posé et dénonciateur.

 

La troupe brille de ses éclats habituels et fringants.  Florence Viala, Coraly Zahonero, Françoise Gillard (ce soir-là), Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern et le comédien de l’académie Thomas Kelleret servent la pièce et sa facture étonnante avec un talent qui nous éblouit et qui fait mouche.

 

Spectacle vu le 29 octobre 2018,

Frédéric Perez

 

 

Comédie en trois actes de Carlo Goldoni. Mise en scène de Alain Françon. Traduction de Myriam Tanant. Scénographie de Jacques Gabel. Costumes de Renato Bianchi. Lumières de Joël Hourbeigt. Musique originale de Marie-Jeanne Séréro. Son de Léonard Françon. Dramaturgie et assistanat à la mise en scène de David Tuaillon.

Avec la troupe de la Comédie-Française : Florence Viala, Coraly Zahonero, Françoise Gillard ou Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern et le comédien de l’académie de la Comédie-Française Thomas Keller.

 

Représentations en alternance,
voir les dates sur le site de la Comédie Française
Place Colette, Paris 1er
01.44.58.15.15 www.comedie-francaise.fr
- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

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