Un spectacle musical touchant qui chante la fabuleuse histoire de Huckleberry Finn par une approche réaliste mais ‘pas que’, piquée d’humour, où la poésie et les émotions se conjuguent et nous accompagnent tout le long.
« 1850, dans l’Amérique esclavagiste. Huck, un gamin maltraité et Jim, un esclave en fuite, tentent d’atteindre les territoires libres... Adaptation en comédie musicale du célèbre roman de Mark Twain, Huckleberry Finn est un parcours initiatique truculent, satirique et idéaliste. Magnifique histoire d’amitié, c’est aussi une critique féroce d’une société injuste et bien-pensante. »
Ce formidable récit aux allures de parcours initiatique et identitaire du héros préserve ici l’essence-même du roman de Mark Twain, avec une espièglerie amusée et complice, truffée d’instants suspendus au charme d’une fable merveilleuse. Une remarquable réussite qui nous fait vivre les émotions des personnages et de leur histoire au travers des filtres lumineux de la comédie musicale.
Didier Bailly et Hélène Cohen façonnent une adaptation qui laisse les thèmes majeurs recouvrir l’épopée en faisant explicitement ressortir la dénonciation sociale et morale que porte ce texte humaniste.
Un texte où l'on voit le jeune Huck peu à peu ouvrir les yeux sur le monde et l’apprendre ; y reconnaitre progressivement les valeurs humaines qui le fondent ou le détruisent ; choisir parmi celles-ci et continuer son chemin pour devenir adulte aux cotés de Jim le « nègre » qu’il voit progressivement comme un homme, son égal, son ami. Un texte parsemé de pointes satiriques piquantes ciblant la bienpensance et la bigoterie de cette bourgeoisie américaine percluse d’immoralité, en cette fin de 19ème siècle.
La mise en scène de Hélène Cohen assistée par Stéphanie Mathieu est précise et soignée. Une combinaison plaisante de scènes réalistes et oniriques donne au spectacle sa singulière tonalité. L'utilisation des accessoires et des lumières comme des marionnettes, les adresses au public, colorent d’une dimension foraine le spectacle et viennent renforcer la harangue et le picaresque de la narration. Narration jouée et chantée avec vigueur et délicatesse à la fois.
La partition savoureuse de Didier Bailly, reconnaissable aux mélodies jazzy et enjouées, et le livret adroit et efficace de Éric Chantelauze, participent à ce chaleureux « naturalisme expressionniste » ambiant.
La féérie nous emporte aisément, l’émotion nous saisit. Et même si l’ensemble est un peu long, il reste tout à fait cohérent et harmonieux. Nous sommes pris et surpris. Le plaisir nous gagne totalement grâce à une distribution brillante. Tout en aisance et virtuosité au jeu comme au chant, Morgane L’hostis (magnifique Huck), Joël O’cangha (émouvant Jim) et Alain Payen (truculent maître de cérémonie) sont superbes d’engagement, de sensibilité et d’enthousiasme. C’est très bien fait.
Un « musical » qui vaut un détour au théâtre de la Huchette, petit écrin incontournable. Une comédie musicale intelligente, drôle et émouvante. À l’affiche tout l’été. À ne pas manquer !
Spectacle vu le 15 juin 2019,
Frédéric Perez
D’après le roman de Mark Twain. Adaptation de Didier Bailly et Hélène Cohen. Musique de Didier Bailly. Livret de Éric Chantelauze. Mise en scène de Hélène Cohen assistée par Stéphanie Mathieu. Scénographie de Sandrine Lamblin. Lumières de Laurent Béal. Marionnettes et animation de Pascale Blaison. Vidéo de Sébastien Sidaner. Costumes de Cécilia Delestre. Création Sonore de Fred Fresson. Régie de Yves Thuillier.
Avec Morgane L’hostis, Joël O’cangha et Alain Payen.
Du mardi au vendredi à 21h10 – samedi 16h et 21h10
23 rue de la Huchette, Paris 5ème
01.43.26.38.99 www.theatre-huchette.com