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Une merveille de spectacle. Un immense plaisir. De grands artistes réunis pour nous offrir un bijou théâtral qui est et restera un moment fort et sans doute inoubliable.

 

« Lorsque, à onze ans, Marie Caillaud entre à Nohant au service de Georges Sand, elle ne sait pas encore qu’on l’appellera Marie des Poules, la servante qui va chercher les œufs au poulailler. Elle ne sait pas non plus qu’elle y apprendra à lire, à écrire, à jouer la comédie et à interpréter 35 pièces écrites par George Sand. Elle sait encore moins qu’elle éprouvera les souffrances d’un amour qui va la marquer à vie. Maurice, le fils de George, entretiendra avec elle une liaison qui perdurera pendant plusieurs années. Quelle sera l’attitude de George Sand ? Celle de Maurice ? »

 

Le texte documenté et finement écrit de Gérard Savoisien est percutant par son dévoilement surprenant d’un pan de la vie et de l’entourage de George Sand. Il offre une partition délicate et riche, difficile à jouer sans aucun doute et captivante à savourer.

 

 « Ce sont les deux versants d’une même idée de la femme indépendante que revendiquent toujours de nombreuses personnes dans le monde, combat encore long car entravé par des préjugés têtus et imbéciles » dit l’auteur.

 

Le jeu de Béatrice Agénin est d’une virtuosité inouïe. Remarquable de justesse, développant avec une époustouflante et entière précision une palette complexe de sensations, tout en nuances. Passant de la tendresse à la colère, de l’amour à l’affectation et à la douleur, avec une maîtrise stupéfiante de ses personnages. Car cette grande dame du théâtre incarne (nous ne pouvons pas parler ici d’interprétation seulement) plusieurs personnages, Marie à plusieurs âges et George Sand, avec une crédibilité stupéfiante et envoûtante. L’émotion nous étreint et ne nous lâche pas.

 

Arnaud Denis (vu à la création à Avignon) ou François Nambot (vu hier-soir au Montparnasse) jouent Maurice. Formidables comédiens tous les deux, ils font ressortir tout le trouble de ce personnage pris dans sa déroute entre les sentiments qu’il éprouve avec une touchante sincérité et les conventions sociales auxquelles il se soumet, montrant toute la naïveté d’un fils soumis à sa mère et la suffisance insouciante d’un petit bourgeois qui traînera sans doute longtemps ses meurtrissures.

 

La mise en scène de Arnaud Denis, comme à son habitude, est astucieuse. Jouant des espaces et des volumes, s’aidant de miniatures et de marionnettes, il conjure le temps de la fiction par l’onirisme de sa représentation. Le dessin des contours des personnages et la direction de jeux baignent la pièce d’une poésie douce permanente, d’une langueur mélancolique et douloureuse. La poétique de l’abandon et de la séparation, que porte le texte, est parfaitement rendue.

 

Ce spectacle est une pépite théâtrale. Le texte est captivant. La mise en scène étonnante et habile. L’interprétation magnifique. Un très grand moment de théâtre. Une leçon ! À voir absolument.

 

Spectacle vu le 16 juillet 2019 et le 22 septembre 2020,

Frédéric Perez

 

De Gérard Savoisien. Mise en scène d’Arnaud Denis assisté par Georges Vauraz. Décors de Catherine Bluwal. Lumières de Laurent Béal. Création sonore de Jean-Marc Istria. Création de marionnettes de Julien Sommer-Théâtre des Marionnettes Parisiennes-Champ de Mars.

 

Avec Béatrice Agénin et Arnaud Denis ou François Nambot en alternance.

 

 

 

Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h00

31 rue de la Gaîté, Paris 14ème

01.43.22.77.74  www.theatremontparnasse.com

 

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

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