Quinze ans ont passé. Fabien revient dans leur ancienne maison commune qu’Anna occupe seule avec leur fille. Il souhaite discuter avec Anna. Elle ne le souhaite pas. Pourront-ils parler des maux qui les ont séparés ? Il le faudrait bien pourtant.
Une histoire troublante par ses rebondissements. Deux êtres écorchés par le non-dit du chagrin. Une femme et un homme qui formait un couple d’amour et pour qui il reste tant de blessures à guérir au risque de les rouvrir. Une histoire qui vient percuter de plein fouet notre affect, nous conduisant à se poser les questions que les situations charrient.
Comment soigner une culpabilité quand elle saigne encore ?
La quête de résilience suite à un drame à ce point traumatisant doit-t-elle passer par le pardon ?
L’oubli peut-il effacer la souffrance ?
Le texte de Maria Ducceschi est ficelé serré, laissant passer le fil de l’histoire comme le sable dans un sablier, lentement et finement. Progressivement, nous comprenons ce qui se passe, ce qui s’est passé et ce qui pourrait se passer. Comme un nœud qui se dessert, la situation s’éclaire, les personnages se dévoilent. C’est habile et captivant.
La mise en scène de Pascal Faber, toute en sobriété, pose les marqueurs nécessaires pour que les propos et les situations développent leur puissance et leur tension avec précision. Aucun artifice ne vient empêcher la confrontation directe des deux personnages.
Les comédiens Hugues Leforestier et Nathalie Mann se donnent tout entier à la retenue puis au dévoilement. Il et elle ne trichent pas, ils sont Fabien et Anna. Leur sincérité saute aux yeux et touche au cœur. L’émotion est palpable et passe la rampe. C’est superbement joué.
Une pièce poignante par son histoire. Une interprétation intense, à la fougue chaleureuse. Un spectacle que je recommande.
Spectacle vu le 14 juillet,
Frédéric Perez
De Maria Ducceschi. Mise en scène de Pascal Faber. Collaboration artistique de Bénédicte Bailby. Lumières de Sébastien Lanoue.
Avec Hugues Leforestier et Nathalie Mann.