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Sylvain Maurice met en scène avec brio ce spectacle intense et captivant, au titre délibérément tourné vers demain. Un spectacle composé de deux textes de Jean-Luc Lagarce, « L'Apprentissage » et « Le Voyage à La Haye ». L’un exposant le narrateur au temps d’hier qui revient et l’autre le montrant lutter contre le temps présent qui s’en va.

« Un homme renaît à la vie après un coma. Tout en réapprenant les gestes les plus simples à la manière d'un petit enfant, il observe cette situation avec toute sa causticité d'adulte. L'hôpital devient alors la toile de fond dont il se nourrit pour écrire une comédie grinçante. On le retrouve quelques temps plus tard : c'est un auteur et metteur en scène trentenaire en rémission partit au Pays Bas pour la tournée d'une pièce. Ce voyage dont il pressent qu'il sera le dernier, est l'occasion de porter un regard sur ses amours passées mais surtout sur le théâtre qui a structuré sa vie. »

Une beauté formelle, simple et sincère se dégage, les impressions et les émotions nous saisissent. Le langage de Lagarce, sans appui ni excès dans le jeu de Vincent Dissez se fond, fluide et clinquant, caressant et claquant, dans cette osmose réussie que Sylvain Maurice réussit à faire vivre sur le plateau.

Il y a un vif plaisir à retrouver les textes de Lagarce ainsi mis en vie. Une impression de se laisser surprendre, bercé par les flots languissants ou ballotés par leurs mouvements, entre éclaboussures, calmes apparents et éclats soudains. Nous retrouvons avec délice les formulations si particulières à l'auteur, qui évoquent l’hésitation, jouent de la répétition, décalent un mot ou une place dans la phrase. Les mots pressent la pensée, la précèdent où la reprennent pour la préciser toujours et encore.

Le spectacle rend parfaitement ce jeu permanent dans l'ironie omniprésente, entre la vacuité de la réalité et son impérieux réalisme. L’implacable férocité des propos et les sentiments brutalement exposés décrivent l’impatience de renaître dans « L'Apprentissage » et la douleur de la dévastation dans « Le Voyage à La Haye ». Le narrateur face à la Vie puis face à la Mort.

L’interprétation de Vincent Dissez est riche. Il joue avec une aisance remarquable et une proximité touchante avec le public, qui enveloppent le récit d’une volonté de partage créant une connivence et une empathie. Nous percevons comme de la tendresse dans l’humour de la dérision ambiante.

Un « Lagarce » réussi que ce spectacle intense et captivant, pour son interprétation et son esthétique superbes et remarquables. À ne surtout pas manquer !

 

Spectacle vu le 10 octobre 2020,

Frédéric Perez

 

Textes de Jean-Luc Lagarce. (L'Apprentissage et Le Voyage à La Haye sont publiés au solitaire intempestifs). Mise en scène de Sylvain Maurice asssité par Béatrice Vincent. Scénographie de Sylvain Maurice en collaboration avec André Neri. Costumes de Marie la Rocca. Lumière de Rodolphe Martin. Son et régie son de Cyrille Lebourgeois. Régie générale de André Neri.

Avec : Vincent Dissez.

Jusqu’au 23 octobre

mercredi à 20h30, jeudi à 19h30,

vendredi à 20h30 et samedi à 17h00

Bord de scène le jeudi après la représentation

 

Place Jacques Brel à Sartrouville (78500)

01 30 86 77 79  www.theatre-sartrouville.com ​​​​​​​

Photo © Christophe Raynaud de Lage

Photo © Christophe Raynaud de Lage

Photo © Christophe Raynaud de Lage

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