Une jolie romance réaliste et chaleureuse que ce spectacle qui reflète les bonds et les rebonds de liens familiaux.
« Pierre se borne à travailler dur, animé par le désir de rendre heureux sa femme Alice et leurs enfants. Max, son père, éternel jeune homme, vit sa retraite entre le restaurant de son fils et le souvenir de sa femme disparue. Tandis que l’un s’échine à porter ses caisses, l’autre n’aspire qu’à tournoyer sur les parquets de danse en souvenir du duo qu’il formait avec sa femme. Puis… »
Une histoire simple et si proche, contée au fil du temps qui passe. Une histoire d'amour filial, de couple, de secrets gardés, de non-dits. Une histoire de famille comme il s’en trouve beaucoup sans doute. Où les regrets et les remords enfouis, les révélations et les renoncements s’imbriquent et se révèlent, ou pas.
Comment ne pas s’identifier à ces personnages, se retrouver soi-même ou reconnaitre des proches, peu ou prou, dans ce récit ? Comment ne pas se sentir touchés par les sentiments qui se bousculent devant nous ? Combat entre désir et réalité, confusion entre offre et demande affectives, savoir dire ou se taire, autant d’enjeux traversés par les personnages, qui nous interpellent tant ils nous parlent.
Une pièce enveloppante où les traits d’émotion ne sont jamais loin, piquant à vif parfois. L’autrice Isabelle De Toledo nous offre une écriture habile et réaliste mais discrète et sensible aussi.
La mise en scène de Bénédicte Bailby et Pascal Faber se cale au texte, sans doubler son discours, le servant au plus près de son récit et de ses personnages. L’essentiel tient et ressort pleinement dans les relations entre les personnages. Une efficacité qui donne à la pièce toute sa valeur cathartique en laissant au spectateur le soin de ressentir, de se laisser prendre par les situations, les regards, les mots dits et ceux que l’on imagine retenus.
Le décor de Cynthia lhopitallier et l'Arrondi, la lumière de Sébastien Lanoue et les costumes Cynthia lhopitallier, adroitement soignés, donnent les couleurs et les ambiances qui conviennent tout à fait à ce récit.
Les comédiens forment un trio détonant. Ils et elle campent leurs personnages avec adresse. L’émotion est portée sans pathos et vient aisément jusqu’à nous pour nous toucher. Damien Boisseau est un Pierre romantique, indécis, balloté par les contradictions et un peu perdu par ses doutes, toujours aimant pourtant. Ses relations avec Max et Alice sont réussies et convaincantes. Chloé Froget donne à Alice tout le trouble nécessaire, son jeu est touchant. Michel Papineschi est tout simplement remarquable dans le rôle du père. Il dépeint avec une palette étonnante les nombreuses facettes du personnage. Un jeu subtil qui fait mouche.
Un spectacle agréable et touchant. Une histoire simple et sensible mise en scène avec habileté et jouée avec brio. Je recommande.
Spectacle vu le 16 juin 2021
Frédéric Perez
De Isabelle De Toledo. Mise en scène par Bénédicte Bailby et Pascal Faber. Lumière de Sébastien Lanoue. Décor de Cynthia lhopitallier et l'Arrondi. Costumes de Cynthia lhopitallier. Univers sonore de Lionel Losada.
Avec Damien Boisseau, Chloé Froget et Michel Papineschi.
Jusqu’au samedi 21 juin à 21h00
78 bis boulevard des Batignolles, Paris 17ème
01.42.93.13.04 www.studioherbertot.com