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Un spectacle qui fait œuvre de mémoire et de lutte contre l'oubli tout en brandissant un formidable appel à l'amour.

Ce magnifique texte de Jean-Claude Grumberg prend les allures de conte comme pour préserver l'auditoire d’une adresse trop frontale face à la violence des messages qui n'en demeurent pas moins puissants et clairs.

Et quand bien même la fiction enrobe le témoignage, elle ne fait que le magnifier de son passage par l’imaginaire. Les faits brutalisent l’écoute et rebondissent sur plusieurs niveaux de force. L’humour de l’ironie pique ici et là le récit, lui permettant de respirer.

« Hiver 1942, un train passe... On balance du wagon un petit paquet enveloppé dans un châle de soie rare. Cest une petite fille de la tribu des « sans-cœur », ceux qui « voyagent gratos en convois spéciaux ». Pauvre Bûcheronne et Pauvre Bûcheron ramassent le paquet dans la neige, ils apprivoisent la môme. Elle deviendra pour eux « la plus précieuse des marchandises. »

La mise en scène de Charles Tordjman donne au texte une sobriété narrative, entremêlant le symbolisme et le réalisme dans les éléments matériels et les indications de jeux.

Les images projetées comme l’ambiance musicale apportent un floutage onirique qui traverse l’histoire, ponctuent les flux d’émotion et viennent contrebalancer le fil discursif en lui donnant son imposante présence et sa portée manifeste. Un troisième personnage vient par moments, par le biais de la vidéo, ajouter au conte des informations qui scandent l’histoire d’éléments contextuels implacables.

Les interprétations de Eugénie Anselin et Philippe Fretun (avec la participation de Julie Pilod en présence filmée) sont précises et complémentaires. Chaleur et froid, courage et combativité, espérance et renoncement ressortent de leurs jeux dans des palettes habilement utilisées. L’horreur et la terreur face aux situations sont parfaitement rendues tout comme cette récurrente affection qui fait irrévocablement son chemin vers l’amour. C’est très bien fait et simplement remarquable.

Un récit théâtral superbe où la fiction « qui n’est pas vraie » raconte la réalité inimaginable qui a existé. Un spectacle que l’on n’oubliera pas, autant nécessaire qu’agréable.

 

Spectacle vu le 24 septembre 2021

Frédéric Perez

 

De Jean-Claude Grumberg. Adaptation et mise en scène de Charles Tordjman. Collaboration artistique de Pauline Masson. Scénographie de Vincent Tordjman. Création et réalisation vidéo de Quentin Evrard, Thomas Lanza, Nicolas Mazet et Vincent Tordjman. Création lumières de Christian Pinaud. Création sonore de Vicnet. Création costumes de Cidalia da Costa.


Avec : Eugénie Anselin, Philippe Fretun et la participation de Julie Pilod.

 

 

Du mardi au dimanche à 18h30 sauf le 17 octobre à 15h30

(relâche le 5 octobre)

2 bis avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème

01.44.95.98.00  www.theatredurondpoint.fr

 

 

 

 

Photo © Antoine de Saint Phalle

Photo © Antoine de Saint Phalle

Photo © Antoine de Saint Phalle

Photo © Antoine de Saint Phalle

Photo © Antoine de Saint Phalle

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