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Un spectacle explosif charrié tout le long par une force comique remarquable. Calé au cordeau et d’une énergie époustouflante, ce spectacle est un véritable délice gourmand et surprenant. Du sérieux déjanté, tendre au cœur, qui fait un bien fou.

Avec la compagnie des Épis Noirs, il faut s’attendre à tout, nous le savions. Et bien bingo, ça n’a pas loupé ! Dès le début et jusqu’au bout, on se dit « non, ce n’est pas possible » et pourtant si, ils le disent, ils le font, ils l’ont fait et ils continuent !

« Une troupe de théâtre ambulant, dirigée par un ’’Monsieur Loyal’’ tonitruant, mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. Tout se passe en un seul jour à Rome. En mai 68 de notre ère, le jour de son couronnement, Néron, mis sur le trône par l’assassinat à point nommé de son père Claude par sa chère maman Agrippine, enlève Junie, fiancée tendrement aimée de son frère Britannicus. »

Chevauchant les ingrédients de l’intrigue de ’’Britannicus’’ de Racine, nous assistons à une représentation de cirque brossée à la manière d’une revue de music-hall, entre parodies et prétextes. Un spectacle qui contourne sans vergogne et autant que possible, les piédestaux hissés pour vénérer les héros tragiques et les victimes sacrificielles de la célèbre pièce.

 « Attention, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, les monstres que vous allez voir ce soir, sont des monstres aussi monstrueux que... vous ! » Et oui, car le miroir de ce cirque permanent ne manque de nous refléter par ses messages injonctifs qui ricochent et nous touchent autant qu’ils nous font rire. Le récit égrène adroitement des vérités sur les valeurs sociétales et humaines. Le vif délire ambiant de cette une farce tragi-burlesque n’arrête pas de bouffonner, le non-sens poussé à l’extrême. Mais passées au tamis d’un façonnage ravageur, toutes transgressions sorties, la puissance des dominants comme la sincérité des sentiments sont exposées et brulées au bucher de la dérision. Nous rions et nous pensons aussi, marque de fabrique oblige.

Textes et musiques de Pierre Lericq. L’écriture est adroite, la langue est fuselée, les répliques et les situations truffées de ruptures gaguesques, avec des morceaux de poésie dedans. Des chansons (une dizaine quand même) bigrement bien fichues et d’une musicalité agréable, genre pop et rock électro entremêlés, parsèment le récit et le colorent d’un tonus enthousiaste et communicatif.

La mise en scène de Pierre Lericq assisté par Bérangère Magnani, est calée et décalée a volo. Précise et spectaculaire, la direction de jeux nous balade dans les dedans/dehors du texte avec fluidité, saveurs et réussite.

La troupe est impressionnante et pêchue. Elles et ils savent tout faire, jouer, chanter, faire de la musique, danser. Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Marie Réache, Juliette De Ribaucourt et Tchavdar, nous emportent dans cette narration bigarrée et improbable, armés d’une fougue extravagante, avec une maîtrise impeccable. Vis comica chevillée au corps, elles et ils excellent dans leurs personnages et nous cueillent littéralement.

Un spectacle qui devrait être interdit par la censure mais bon. En attendant, courez-y ! Au-delà de la tragédie, c’est drôlissime de chez drôlissime et ce n’est pas bête du tout. Je recommande vivement ce moment de délire intelligent.

 

Spectacle vu le 27 novembre 2024

Frédéric Perez

 

Texte, musique et mise en scène de Pierre Lericq. Assistante mise en scène Bérangère Magnani. Lumières François Alapetite. Costumes Chantal Hocdé Del Pappas. Scénographie Yves Kuperberg.

Avec Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Marie Réache, Juliette de Ribaucourt et Tchavdar.

 

Photos © Olivier Brajon
Photos © Olivier Brajon
Photos © Olivier Brajon
Photos © Olivier Brajon
Photos © Olivier Brajon

Photos © Olivier Brajon

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