Passion pour le théâtre surtout, pour la "Chose Artistique" en général, nous publions ici nos critiques et partageons des coups de cœur. Dans tous les cas, nous ne parlons que de ce que nous avons aimé. Contact : Frédéric Perez, membre du syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
L’ensemble Dulcisona nous propose « La Pazzia Senile » (La Folie de la Vieillesse) d’Adriano Banchieri, un des plus grands compositeurs italiens de la renaissance, à l’origine des Comédies Madrigalesques, genre musical éphémère, mêlant théâtre et musique. Très rarement montés en France, ces spectacles « complets » que sont les Comédies Madrigalesques contribueront à renouveler le langage de la musique vocale, dans la lignée de la commedia dell'arte ou commedia a sogetto (à canevas) et annonçant l’avènement de l’opéra.
C’est donc avec régal et curiosité que je suis allé déguster au Théâtre La Reine Blanche ce spectacle de musique vocale et instrumentale, particulièrement réussi et brillamment servi.
Nicolas Slawny propose une savante mise en scène, respectant l’esprit du canevas et des lazzis de la Comédie Madrigalesque. Les jeux avec le public rappelant la dimension « spectacle de la rue » de la commedia dell'arte « all'improviso ».
Isabelle Chevalier au clavecin et Anne-Garance Fabre dit Garrus, à la voile de Gambe, font vibrer leurs instruments dans toutes les possibilités du jeu, mettant en valeur les nuances « Forte et Piano » notées pour la première fois par Banchieri. Elles apparaissent toutes deux comme des instrumentistes adroites et précises qui accompagnent avec sensibilité les trois chanteurs, la soprano Anne Périssé dit Préchacq, le ténor Charles Mesrine et le Baryton Laurent Bourdeaux. Tous trois en harmonie remarquable, dans les parties a capella comme dans les parties d’ensemble.
Une pièce rare et un spectacle d’une musicalité chaleureuse et agréable.