Passion pour le théâtre surtout, pour la "Chose Artistique" en général, nous publions ici nos critiques et partageons des coups de cœur. Dans tous les cas, nous ne parlons que de ce que nous avons aimé. Contact : Frédéric Perez, membre du syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
Voici une surprenante et intéressante comédie macabre sur l’univers du travail et ses lignes de douleur, dénonçant cet univers qui peut être une prison où l’on se laisse enfermer jusqu’à l’épuisement.
Le spectacle semble être une allégorie de l’enfermement, rythmée par la quête haletante de la performance permanente, du « toujours mieux » au « j’en peux plus ». Composé de ces petits riens quotidiens qui font tout de tout, il nous montre comment ce brulot implacable s’empare de chaque geste, chaque pensée, et oriente chaque choix et chaque désir.
C’est cette danse infernale que Catherine Richon a écrite et met en scène, comme une pantomime pour deux robots, parfois ralentie pour extraire et nous livrer des attitudes ou des propos de cette folle course meurtrière. L’homme et la femme semblent s’agiter l’un à côté de l’autre, s’interpellant sans pour autant se voir ou se parler vraiment. Glaçante ronde de mots qui s’affole et forme une mélopée absurde puisée dans le vocabulaire usuel.
Les comédiens Delphine Kuehn et Dan Kostenbaum jouent ce duo en enfer. Très à l’aise dans cette sorte de théâtre gestuel psalmodié, ils interprètent la partition avec finesse et précision. Ils apportent toute la violence et la résignation nécessaires pour nous faire vivre la progression inexorable de ces deux prises de guerre du Burn-out, vers leur fatalité.
Une pièce forte, aux contours oniriques et un spectacle bien joué qui nous conduit inévitablement à réfléchir et à choisir quelle place pour « Playtime » dans notre vie.
Les vendredi et samedi à 20h00, le dimanche à 18h30 - 6 rue de la Folie Méricourt, Paris 11ème - 01.43.55.14.80 - www.folietheatre.com