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COMPAGNIE au Studio Théâtre de la Comédie Française
Spectacle inédit que ce monologue théâtral à la puissance calme et profonde. Christian Gonon, magnifique, au service de ce texte troublant de Samuel Beckett. Sublime.
Beckett publie « Compagnie » en 1980 dans sa propre traduction française après l’avoir écrit en anglais entre 1977 et 1979. Cet écrit siège à part parmi ses derniers textes, comme une apparente délivrance autobiographique, une formidable et profonde mélopée introspective, qui font songer à un adieu littéraire, à une ultime ode souveraine aux mots, aux textes et à leurs silences.
« Le livre est là sur ma table, avec sa couverture blanche et le bleu du titre : Compagnie, et j'ai presque peur de ce qu'il y a dedans. Peur et envie et besoin d'entendre de nouveau la voix connue, jamais vraiment connue, autre chaque fois » écrivait Geneviève Serreau à sa sortie (Le Nouvel Observateur, 10 mars 1980).
Nous y trouvons tous les sorts qu’il a jetés dans son œuvre aux sens et aux non-sens des formulations et des situations jusqu’à les confier souvent à l’absurde. Nous y retrouvons aussi la place si précise et délicate du non-dit comme du rien-dit, du noir sonore qui fait silence. Toute son œuvre littéraire, poétique et théâtrale semble ici réduite à la plus stricte et essentielle expression.
Le personnage central semble être « La Voix », celle qui parle, qui tient compagnie, bravant la solitude. Celle et celles de l’enfance qui reviennent comme échappées des souvenirs.
Christian Gonon, magistral et incarné, nous fait rentrer dans le texte au fur et à mesure. Nous ne savons pas où il nous mène, nous sommes dans l’attente permanente de ce qu’il va nous livrer. Magique.
Sa voix est « la Voix ». Elle parle, chuchote pour nous ou pour elle-même, on ne sait pas, comme une berceuse mélancolique psalmodiée. Il est devant nous, dans une demi-pénombre, jouant avec une intensité sereine, douce et parfois presque meurtrie. Chaque mot, chaque pause, chaque geste trouve place dans une partition précise donnant au spectacle une musicalité dense et soutenue, nous laissant rêveurs et troublés par ces propos aux allures de confidences. Un grand moment.
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