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PIERRE. CISEAUX. PAPIER. au Théâtre du Rond-Point
Un spectacle fascinant d’une densité incroyable, bluffant notre imaginaire, notre pensée et nos émotions, dans un jeu de miroirs où les personnages et nous-mêmes ne cessons de nous croiser.
Le public s’installe dans une pénombre aux lumières rouges tamisées. Sur le plateau, trois fauteuils tournés vers le fond. Silence et jeu. Les fauteuils tournent vers nous. Un homme, une femme et un jeune homme parlent tour à tour. L’un parle à la place de l’autre, parle de l’autre ou parle de lui-même. Comme un jeu.
On ne sait pas si ce jeu dupe ou renforce la confusion entre rêve et réalité, entre histoire et présent, entre inconscient et conscience de l’existant. Ce que l’on sait, c’est que nous sommes pris dès le début au piège de ces mots qui jonglent, de ces situations qui s’accrochent-décrochent et se retournent pour finalement faire sens et exploser dans les dernières scènes dans une réalité crue et violente où les trois personnages se dévoileront, peut-être.
Leurs histoires se conjuguent et se relient progressivement, parsemées de citations ironiques et drôles, de formules bien tournées, à la fois passe-partout et bourrées de sens. Empruntées au quotidien avec l’efficacité redoutable des pirouettes langagières et des apartés volontaires ou bien avec de courtes réflexions à caractère quasi philosophique.
Cette pièce de Clémence Weill (écrite en 2013) tient de la fable moderne, du poème épique d’un genre nouveau. Que l’humain est ici complexe, irrationnel, presque irréel quand nous le voyons dans ces propos ! Qu’il se révèle si simple à comprendre quand les mots sombrent et qu’il nous reste à voir l’homme, la femme et le jeune homme tels qu’il nous est donné de les voir dans leurs vies vécues au passé, au présent ou dans leurs rêves !
Nous entrons dans ce spectacle comme dans un bain, avec prudence puis avec délice, nous laissant nous envelopper par la musicalité du verbe, nous laissant prendre et surprendre par une théâtralité mêlant réalité, songe et mensonge avec ironie et poésie.
La mise en scène exigeante, épurée et habile de Laurent Brethome met en valeur les différents niveaux d’histoires, ne nous perdant pas dans les moments-tunnels, nous en facilitant l’accès. Les effets de lumières et de sons accompagnent adroitement le jeu des trois comédiens, Benoît Guibert, Julie Recoing et Thomas Rortais. Ils nous embarquent tous les trois dans cette aventure avec agilité et fluidité, démontrant une belle maîtrise d’interprétation.
Un spectacle riche, original, captivant et superbe.
Du mardi au samedi à 18h30 - 2 bis Avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8ème - 01.44.95.98.21 - www.theatredurondpoint.fr
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