Passion pour le théâtre surtout, pour la "Chose Artistique" en général, nous publions ici nos critiques et partageons des coups de cœur. Dans tous les cas, nous ne parlons que de ce que nous avons aimé. Contact : Frédéric Perez, membre du syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
Le parti-pris de cette magnifique adaptation de Gaëtan Vassart centre volontairement l’intérêt de la pièce sur la vie des femmes de la noblesse à en cette fin du 19ème siècle russe, à la veille de la révolution. La vie d’Anna Karénine en premier lieu mais aussi celles de ses belles sœurs Daria et Kitty.
Paru en 1877, le roman homonyme connu un succès fulgurant en Russie puis à l’étranger. Implacable miroir de la société russe où l’aristocratie règne, où la religion et la morale fondent les comportements sociaux, l’histoire d’Anna Karénine viendra ébranler sans les compromettre les valeurs dominantes pour finalement les servir.
L’adultère poussé jusqu’au déchirement avec Anna. L’adultère rejeté puis subi pour Daria. Le mariage empêché puis un autre accompli pour Kitty.Trois vies amoureuses pour trois fins différentes : La mort, le renoncement et le bonheur. Toutes trois aux accents romantiques exaltés puisant dans la bienséance : le dévouement à la maternité, la fidélité à l’époux ou la bonté prévalant à l’amour.
La mise en scène de Gaëtan Vassart comme la scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy se montrent parfois à contre-pied. La nudité, le choix des décors et des accessoires ne donnent pas l’impression d’un plateau épuré auquel s’attendre mais apportent au contraire des effets de pauvreté qui ne semblent pas convenir dans le contexte des personnages. Par ailleurs, l’enchaînement ou la juxtaposition des situations, tels qu’ils sont, ne facilitent pas la fluidité du spectacle.
La distribution est brillante, juste et précise. A noter, Emeline Bayart (Daria) et Stanislas Stanic (Lévine), remarquables. Golshifteh Farahani (Anna) apporte avec son accent un coté exotique appuyé, elle apparait plus charmante qu’émouvante.
Le spectacle se révèle agréable, parfois drôle, moins profond et émouvant qu’il ne le faudrait sans doute pour ce drame.
Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00 – Route du Champ de Manœuvre, Paris 12ème – 01.43.28.36.36 – www.la-tempete.fr