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GEORGE DANDIN suivi de LA JALOUSIE DU BARBOUILLÉ au Théâtre du Vieux Colombier
Quelle idée géniale de monter ainsi dans le même spectacle la farce et la comédie dont elle est inspirée ! Molière dans tous ses états ! Vingt années séparent les deux écritures, la maturité de la comédie ne perd rien de la vigueur de la farce, c’est succulent !
Avec « George Dandin », Molière dépeint tout en saveurs et habiletés les sorts du mariage forcé, du cocu malheureux et des serviteurs zélés, prompts à trahir leurs maitres pour mieux se servir eux-mêmes. Nous sommes tout autant surpris que pris par la perfidie de l’histoire que par la souffrance et l’humiliation subies d’un George Dandin magnifiquement interprété par Jérôme Pouly. Du grand art !
La mise en scène de Hervé Pierre donne à voir et entendre une comédie délibérément dramatique au vernis rieur touchant parfois au comique dans les situations où se trouve piégé Dandin. Lui n’est pas drôle, il est émouvant même, limite pathétique. Entouré de cruautés en tous genres, il reste digne dans son honneur bafoué. Le texte de Molière tel qu’il est joué ici fait mouche, il touche et retouche les émotions par lesquelles l’homme trompé, moqué et dupé, doit vivre son mariage malgré sa révolte.
Les scènes baignées de sottise de cette noblesse suffisante faisant du renom une valeur, impressionnent et nous font rire par la drôlerie des formules tournées et le ridicule des postures. Tous les personnages nous enchantent par leurs outrances. L’ensemble nous divertit autant qu’il nous interroge. Du Molière léché, précis et incisif.
La musique de Vincent Leterme parvient à créer une atmosphère partagée entre la profondeur des messages, soutenue par les sons graves martelés et les scènes festives plus aériennes avec leurs phrases musicales éthérées nous rapprochant de la poésie.
La pièce « La jalousie du barbouillé » qui suit aussitôt « George Dandin » dans la représentation, outre qu’elle offre ce témoignage intéressant des origines de « Dandin », nous plonge dans un impromptu extrêmement drôle, frisant le délire par moments. Nous sommes dans la pure tradition de la farce. Dans un décor de tréteaux de bois, avec moultes exagérations, des improvisions et des lazzi en lien avec notre époque et le quotidien de la troupe. Les comédiens jouent cette farce comme on joue une farce à quelqu’un. Ils s’amusent et nous ravissent, alliant la dérision au burlesque.
Comme souvent au Français, tout est juste, intelligent et délicieux. Un régal de théâtre à savourer sans modération.
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