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Avec cette pièce écrite en 1996, Martin McDonagh signe une tragi-comédie moderne, sordide et drôle, cruelle et proche. Nourri d’un humour implacable, le texte jongle avec la folie, la vieillesse et l’interdépendance, confrontées aux désirs de vivre au plus près du bonheur.

La haine et l’amour dévastent ces histoires de vie simples, déraillées, emprisonnées et comme empêchées à chaque fois que le hasard vient toquer à la porte pour l’ouvrir à la liberté, au possible, à une vie meilleure.

Dans le petit village irlandais de Leenane, Maureen, jeune et belle quadra, vit avec Mag, sa mère tyrannique et castratrice qui semble la retenir sous sa coupe au prétexte d’un secret qu’elle détient sur sa fille. À moins que cela ne soit Maureen qui s’enferme dans la maison familiale comme on s’enferme dans la folie.

Au cours d’une soirée, Maureen retrouve Pat, un ancien voisin. Attirés l’un par l’autre, ils passeront la nuit ensemble sans rien consommer de leurs désirs. Pat repartira le lendemain et finira par écrire son amour à Maureen, « sa reine de beauté », lui confiant son souhait de vivre avec elle. Cette lettre, Mag l’interceptera et la détruira. Maureen découvrira trop tard le contenu de ce message. Les plaies toujours ouvertes saigneront de nouveau, cette fois-ci à jamais.

L’écriture de McDonagh et la traduction de Gildas Bourdet utilisent une langue tronquée, familière et souvent violente, nous offrant un langage épuré aux accents argotiques. Les relations entre les personnages s’en trouvent plus crues, plus directes, sans ambages, faisant mouche à tous les coups.

La distribution toute en fine justesse est étincelante. Catherine Salviat joue Mag avec une précision inouïe, un machiavélisme fourbe et troublant à la fois, une présence étonnante, magistrale. Nous ne savons pas si nous devons la craindre ou la plaindre. Sophie Parel, qui assure par ailleurs une adroite mise en scène, joue Maureen. Pêchue, attachante et déroutante, elle nous séduit dès le début mais pour elle-aussi, nous ne saurons pas si nous devons la redouter ou la soutenir. Grégori Baquet joue Pat avec une intensité puissante et une sincérité émouvante. Arnaud Dupond joue Ray, le frère de Pat, le rendant pataud et innocent à souhait.

Un spectacle touchant, aux allures de thriller, soigné et merveilleusement joué.

Mise en scène de Sophie Parel. Avec Catherine Salviat (sociétaire honoraire de la Comédie Française), Sophie Parel, Grégori Baquet et Arnaud Dupond. Lumières de Antonio de Carvalho. Musique de Virgile Desfosses. Décor et costumes de Philippe Varache. Assistance à la mise en scène de Anne Hérold.

Du mardi au samedi à 19h00, le dimanche à 15h00 – 53 rue Notre Dame des Champs, Paris 6ème – 01.45.44.57.34 - www.lucernaire.fr

- Photos de Laurent Le Doyen -
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