Ce spectacle ? C’est comme la petite claque dans le dos du nouveau-né pour libérer les poumons à la naissance, mais en beaucoup, beaucoup plus fort. Ça nous ravigote le cerveau, ça nous dérouscaille l’humeur et ça nous défriche nos consciences bardées des certitudes transmises autour du mythe de « la vierge à l’enfant ».
Mais avant tout, ce spectacle nous fait rire. Le rire est ici joyeux et salvateur. Il nous permet d’éprouver le plaisir de rire autant de « là où ça fait mal » que des stéréotypes à la tradition bien ancrée, déclarant comme des gloses, que la femme est une vache laitière et reproductrice, en moins gros, qui n’a le droit de penser à elle que quand le service est fait.
Ah ce n’est pas une mince affaire que de devenir mère ! Le spectacle tout entier nous le démontre, nous le rend souvent hilarant pour surmonter la douleur de savoir ou d’avoir vécu.
Une occasion redoutable de dire ses quatre vérités à l’enfantement, sa vie, son œuvre et à la grandeur des bêtises à la mesquinerie édifiante que nos bienheureux savants colportent depuis que Ève et Adam ont croqué une pomme et que l’humanité toute entière s’est précipitée pour s’entourer de penseurs (plus souvent que de penseuses) pour clamer et déclamer le bien et le mal de la maternité.
Le collectif des Filles de Simone nous concocte ici une pièce à tableaux, à la violence souriante des propos et des situations, et à la sensibilité chaleureuse de l’humanité qui l’enveloppe. Faisant appel à notre intelligence et bourrée d’un humour dévastateur qui sied à merveille à ce très agréable trublion de la bienpensance.
La mise en scène de Claire Fretel comme le jeu des comédiennes font exploser les situations avec une intensité remarquable et rieuse. Chloé Olivères et Tiphaine Gentilleau jouent avec précision les aléas du bonheur d’être mère sans oublier de nous montrer avec une justesse détonante et une force comique impressionnante les difficultés pour le devenir dans ces luttes incessantes pour préserver l’identité, l’intégrité et la dignité de la femme.
Un plaisir rare de théâtre revendicatif, touchant et nécessaire, cinglant et drôle.
Création Collective : Les Filles De Simone : Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau et Chloë Olivères. Conception et mise en scène : Claire Fretel. Conception, texte et interprétation : Tiphaine Gentilleau. Conception et interprétation : Chloë Olivères. Lumières : Mathieu Courtaillier.
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30 – 2 bis avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème – 01.44.85.98.21 – www.theatredurondpoint.fr