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L’adaptation du roman de Georges Simenon signée par Blandine Stintzy et Christian Lyon nous offre un spectacle sombre et intense qui nous montre comment la nostalgie des souvenirs pousse deux êtres à la pire souffrance qui soit, celle de ne plus pouvoir aimer, les obligeant à vivre ensemble dans les affres de la mélancolie, de la désespérance et du désamour.

Marguerite et Émile, sexagénaires mariés sur le tard, par commodité presque, comme pour donner une dernière chance à leurs vies brisées vont d’abord espérer un nouvel élan de vie. Puis ils vont renoncer à sa réussite pour finir par s’habituer l’un à l’autre jusqu’à ne plus pouvoir se supporter.

Une histoire d’amour improbable, empêché et inassouvi qui devient une histoire de haine ordinaire où le mesquin se fond dans les habitudes et l'impossible oubli.

Racontée par bribes antichronologiques, la pièce se compose d’une succession de situations représentant les faits marquants de l’histoire du couple et les souvenirs ou les pensées de chacun d’eux. Plus nous les découvrons et moins nous les comprenons. S’agit-il d’amour dans cet attachement douloureux qui semble les lier ou s’agit-il du besoin de l’autre comme d’un autre soi-même ? Se protègent-ils en se détestant ou s’aiment-ils en se provoquant ?

La mise en scène de Didier Long sait nous montrer avec précision l’espoir heureux des débuts comme la tension palpable entre les personnages dans leur fin de vie, alternant avec adresse les ambiances crues et directes avec celles quasi floutées et oniriques de leurs vaines attentes.

Toutefois, l’adaptation ou la mise en scène, ou bien les deux, ne nous facilitent pas la tâche. Cette forme de hachure des scènes ralentit le rythme et étire le fil dramaturgique au risque de nous faire perdre, par moments, l'attention et la compréhension nécessaires. Par ailleurs, l’absence de progression de l’intensité émotionnelle du conflit conjugal nous laisse pantois. Le couple semble plus imploser qu’exploser. Ce qui peut surprendre dans la construction de l’histoire et les répliques des personnages.

L’interprétation de Myriam Boyer et de Jean Benguigui est juste. Myriam Boyer étincelle. Elle incarne avec brio et finesse une Marguerite perdue, prisonnière de son éducation, privée de tout bonheur et redoutable dans sa rancœur vengeresse et douloureuse. Quel jeu !

Une histoire passionnante. Un spectacle à l’intensité oblongue, porté par une Myriam Boyer magnifique.

D’après l'œuvre de Georges SIMENON. Adaptation théâtrale de Christian LYON et Blandine STINTZY. Mise en scène de Didier LONG Assisté de Julie MARBOEUF. Avec Myriam BOYER et Jean BENGUIGUI.

 

Du mardi au samedi à 21h00, le dimanche à 15h00 – 1 place Charles Dullin, Paris 18ème – 01.46.06.49.24 – www.theatre-atelier.com
LE CHAT au Théâtre de l’Atelier
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