La pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt s’empare du fait amoureux en l’effeuillant de tous ses mystères. Envoutante et insidieuse, l’histoire nous emporte sur les flots agités de questions sur l’amour et le bonheur d’un couple. Là où les vagues viennent taper nos habitudes et nos certitudes. Là où aucun récif ne se dresse pour briser les lames et préserver du naufrage, espérant trouver une crique qui permet aux rescapés de reprendre leurs forces afin de comprendre ce qui s’est passé avant de repartir pour une meilleure route. Qu’en est-il du bonheur de conjuguer l’amour à deux ?
Après un accident, Gilles, amnésique, retrouve Lisa dans leur appartement. Cherchant à retrouver sa vie dans la mémoire de l’autre, il n’a de cesse d’interroger Lisa. Ils vont cheminer ensemble, entre chien et loup, se confrontant l’un et l’autre aux questions que le doute impose, jusqu’à confondre oublis et mensonges. Quels sont les liens qui tissent leurs relations, les unissent ou les dissocient ? Dans une atmosphère surprenante où l’attirance de l’autre se mêle à la crainte de se découvrir, Lisa et Gilles vont se livrer pour se délivrer, dans un magnifique échange perlé de révélations. Au bout de cette quête de reconnaissance mutuelle, le bonheur retrouvera-t-il une place dans leur vie de couple ?
La mise en scène de Jean-Luc Moreau semble rechercher la simplicité du récit et la nudité des sentiments pour les montrer à fleur de peau, naturels, spontanés et sans ambages. La construction des situations parait vouloir guider notre regard et notre écoute pour nous permettre d’entrer très vite dans cette histoire et nous tenir en haleine comme dans un polar. Pour enfin nous rendre compte qu’il s’agit d’une complexe histoire d’amour.
Fanny Cottençon et Sam Karmann resplendissent. Ils nous cueillent dès le début, nous enveloppant du mystère de leurs personnages, nous rendant impatients de ce qui va suivre. Deux grands et brillants comédiens jouant au cordeau un texte riche en idées et en émotions, nous le rendant accessible, attirant et prenant. Un pas de deux éblouissant.
Ce spectacle réjouissant et captivant se révèle une agréable et étonnante conversation avec le bonheur.
De Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en Scène : Jean-Luc Moreau assisté d’Anne Poirier-Busson. Décor : Stéfanie Jarre assistée de Daphné Roulot. Lumières : Jacques Rouveyrollis assisté de Jessica Duclos. Musique : Sylvain Meyniac. Costumes : Nathalie Chevalier. Accessoiriste : Nils ZAchariasen. Avec Fanny Cottençon et Sam Karmann.
Du mardi au samedi à 21h00, matinée le samedi à 15h00 – 6 rue de la gaîté, Paris 14ème – 01.43.35.32.31 – www.theatre-rive-gauche.com