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Écrites pour le cinéma par Santiago Carlos OVÉS en 2006 et adaptées pour le théâtre par Jordi GALCERÁN en 2007, ces « conversations avec ma mère » illustrent avec précision et humour les rapports de force et d’affection, leurs rebonds et leurs apaisements, qui construisent ce lien ténu, solide et parfois distendu, entre une mère et son fils lorsqu'ils se reconnaissent et se respectent mutuellement.

Qu’y a-t-il alors de plus intime, de plus secret et de plus sincère que cette relation ? Ce duo particulier n’a d’égal que celui d'un couple de danseurs de tango aux musicalités d’un bandonéon langoureux, quand la sensible danse des pas symbolise l’unité totale, la connivence parfaite, la passion irréversible.

Dans le contexte d’une crise économique où les contrats de travail fondent comme neige au soleil, laissant sur le carreau individus, familles et espérances, Jaime vient annoncer à sa mère qu’il est contraint de vendre l’appartement qu’il lui prête pour affronter les changements liés à la débâcle qui le touche à son tour. Mais il vient si peu souvent voir sa mère, lui cachant sa vie comme on retient ses hontes, qu’elle ne peut que saisir l’occasion de renouer avec lui la proximité qui est la leur. Cette fenêtre ouverte sur leurs vies va délivrer des non-dits, révéler des vérités et surtout permettre une belle et pudique déclaration d’amour.

Écrite avec une puissante efficacité, cette pièce nous cueille et nous secoue. Nous voici pris par les questions du partage et de la liberté, du don et de la dette, de la dignité et du courage, savamment dramatisées pour nous conduire à la réflexion tout en nous captivant pour cette histoire d’amour filial, tendre, drôle et caustique. Non Freud, ne souris pas ! Mama dit dans la pièce que tu n’existes que parce qu’elle et les autres mères sont là. Sigmund, pourquoi tu sursautes ? C’est pas faux !... Alors, laisse-nous écouter et ressentir cette histoire et assieds-toi aussi…

La mise en scène de Pietro Pizzuti conduit nos regards et notre écoute sur les sentiments et les émotions des personnages, leurs joies comme leurs souffrances. Comme si nous étions proches d’eux, si proches que nous éprouvons ce qu’ils nous montrent comme devant un miroir qui réfléchit nos propres pensées.

Un spectacle magistralement joué. Jacqueline Bir est fine, tendre, espiègle et imposante. Une très grande dame ! Alain Leempoel est éperdu, meurtri, et renaissant. Un fichu bon comédien ! Nous sommes subjugués par leurs jeux ardents et intenses, délicats et affectueux. Un grand moment d’interprétation.

Émouvant, intelligent et très beau moment de théâtre.

D’après le scénario du film de Santiago Carlos Ovés. Version théâtrale de Jordi Galcerán. Traduction française de Dyssia Loubatière. Mise en scène de Pietro Pizzuti. Avec Jacqueline BIR et Alain LEEMPOEL.

Du mercredi au samedi à 19h00 et le dimanche à 15h00 – 7 rue Louis le Grand, Paris 2ème – 01.42.61.44.16 – www.theatrelapepiniere.com

- Photo © Marianne Grimont -

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