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Il est au théâtre de ces expériences originales et mémorables comme partout ailleurs où l’art surprend.

C’est le cas en ce moment à l’Épée de Bois pour le « Théâtre Baroque » que la Compagnie Mandragore et La Fabrique à Théâtre honorent avec un splendide « Mariage Forcé » de Molière. Jouée à la manière et avec les façons originelles que l’illustre auteur utilisait lui-même, cette pièce a été créée en 1664. Nous la voyons aujourd’hui comme les spectateurs de Molière la voyaient alors.

Nous baignons dans une forme de poésie théâtrale inhabituelle, nous rions d’une drôlerie inattendue. Là où nous sommes est de l’ordre du merveilleux. L’ambiance veloutée des éclairages aux bougies, les décors façon tréteaux de foire, les maquillages aux effets de masques et les costumes de lumière, apportent une dimension lunaire, quasi magique, à la représentation. Nous sommes emportés, nous sommes ailleurs.

Les instruments de musique d’époque (clavecin, flute traversière en bois et viole de gambe) offrent à la musique de Lully délicatesse et éclats. La déclamation exquise, déroutante au début, nous plonge dans un autre temps de théâtre, dans un autre espace de la diction. N’empêchant ni la compréhension ni les effets du texte, la parole relève d’une prosodie précise et maitrisée. L’expression gestuelle accompagnant chaque réplique comme il sied à cette forme nous fait rencontrer des personnages tout en préciosité pour certains ou transfigurés par des pantomimes grimées pour d’autres.

Nous retrouvons certains thèmes de prédilection du grand auteur dans cette comédie-ballet, qu’il tourne en dérision avec l’ironie cruelle qui fait sa plume. La rébarbative rhétorique des beaux parleurs aux discours scientistes appuyés et vains, les mariages calculés comme des placements, les violences des fourberies, les croyances et les superstitions nourries par l’ignorance.

La mise en scène de Jean-Denis Monory, truffée d’astuces cocasses et hilarantes qui rehaussent le comique de la farce, apparait d’une précision minutieuse et apporte une beauté d’ensemble saisissante. Molière est servi ici avec le respect de l’esthétique pure du théâtre classique. Des phrasés aux postures ; des mouvements aux jeux masqués ; des silhouettes stylisées aux gesticulations tirées de la commedia dell’arte ; des jeux toujours faces au public... Tous les ingrédients et les secrets du théâtre baroque semblent réunis.

Ce spectacle propose des retrouvailles ou une découverte culturelle très agréable. Nous sortons joyeux et ébaudis. Incontournable et délicieux rendez-vous avec le théâtre du 17ème siècle !

 

De Molière et Lully. Mise en scène Jean-Denis Monory, assisté d’Alain Jacot. Scénographie de Valère Girardin. Direction technique de Dominique Dardant. Costumes de Chantal Rousseau. Direction musicale et claveciniste Estefania Casanovas i Villar. Musiciens Nadja Camichel
et Dimitri Kindynis. Chanteur Baryton Anthony Rivera. Avec Alain Jacot, Garance La Fata, Jacint Margarit, Enrique Medrano, Philippe Vuilleumier.

 

Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h00 – Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, Paris 12ème01.48.08.39.74 - www.epeedebois.com

- Photo © Guillaume Perret  -

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